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    Au milieu du printemps, le fougueux aquilon,
    Sur les monts sourcilleux qui bordent l’horison,
    Conservoit son empire ; et, du haut des montagnes,
    Le nébuleux hiver menaçoit les campagnes.
    Mais l’auster bienfaisant a vaincu les frimats,
    Et l’hiver en grondant fuit dans d’autres climats.
    Des chênes du Pila la verdure naissante
    A déjà remplacé la...

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    J’ai vu Coigny, Bellone, et la victoire ;
    Ma foible voix n’a pu chanter la gloire :
    J’ai vu la cour ; j’ai passé mon printemps
    Muet aux pieds des idoles du temps :
    J’ai vu Bacchus, sans chanter son délire :
    Du dieu d’Issé j’ai dédaigné l’empire :
    J’ai vu Plutus ; j’ai méprisé sa cour :
    J’ai vu Daphné ; je vais chanter l’amour.

    Toi seul,...

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    Des dons du ciel le plus cher à nos yeux
    Est ce rayon de l’essence des dieux,
    Cet ascendant, ce charme inexprimable,
    Ce trait divin par qui l’homme est aimable,
    Ce don de plaire enfin plus souhaité
    Que n’est l’esprit, plus sûr que la beauté.
    Sur tous nos traits il imprime ses traces ;
    Il donne à tout le coloris des graces,
    Séduit sans art...

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    Vénus, ô toi, déesse d’Epicure,
    Ame de tout, qui remplis la nature,
    Qui, mariant tant d’atomes divers,
    D’un nœud durable enchaînes l’univers ;
    C’est toi qui vis dans tout ce qui respire :
    Mais c’est dans l’homme où siège ton empire.
    Tu descendis au terrestre séjour
    Pour l’animer du sympathique amour.
    Il est des sens émanés de ta flamme,...

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    Oui, les riches aspects et des champs et de l’onde
    D’intéressans tableaux sont la source féconde :
    Oui, toujours je revois avec un plaisir pur
    Dans l’azur de ces lacs briller ce ciel d’azur,
    Ces fleuves s’épancher en nappes transparentes,
    Ces gazons serpenter le long des eaux errantes,
    Se noircir ces forêts et jaunir les moissons,
    En de rians...

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    Puissent les souvenirs de cette grande histoire
    Consoler notre siècle, orphelin de la gloire !
    Indolens rejetons d’aventureux soldats,
    Suivons aux bords du Nil leurs gigantesques pas,
    Dans ces déserts brûlans où montent jusqu’aux nues
    Des sépulcres bâtis par des mains inconnues.
    Soldats de l’Orient ! héros républicains,
    Qu’a brunis le soleil de...

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    Seul de tous les vaincus, couvert d’une ombre amie,
    Un arabe marchait dans la ville endormie ;
    Des emblêmes sanglans ornent son large sein,
    Sur son dos retentit le carquois abyssin,
    Et la peau d’un chakal, en turban déroulée,
    Agite sur son front sa gueule dentelée.
    Un qui vive perçant résonne ; l’étranger
    Précipite le pas de son...

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    C’était l’heure où jadis l’aurore au feu précoce
    Animait de Memnon l’harmonieux colosse ;
    Elle se lève encor sur les champs de Memphis,
    Mais la voix est éteinte aux lèvres de son fils ;
    Les siècles l’ont vaincu : l’œil reconnaît à peine
    Le géant de granit, étendu sur l’arène ;
    Il semble un de ces rocs que, de sa forte main,
    La nature a taillés...

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    Mais le rideau des nuits, lentement déroulé,
    Confond avec le sol l’horizon reculé ;
    Le bruit de la bataille expire, et dans la plaine
    Le silence pensif a repris son domaine.
    Alors les sons confus d’un étrange concert
    S’élèvent lentement ; l’immobile Désert
    Ecoute, comme un homme en sa vague insomnie,
    Des cascades du Nil la lointaine harmonie ;...

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    L’élite de l’armée en cinq corps se partage ;
    Tous ont brigué l’honneur d’un périlleux voyage ;
    Mais le chef a choisi, pour les plus grands travaux,
    Ces vétérans de fer, ces hommes sans rivaux,
    Qui, joyeux et légers sous le poids de l’armure,
    Souffrent avec courage et tombent sans murmure.
    A leur tête ont paru Lannes, Bon et Reynier ;
    Kléber, d...