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    L’âme des fougères s’envole :
    Plus de lézards entre les buis !
    Et sur l’étang froid comme un puits
    Plus de libellule frivole !

    La feuille tourne et devient folle,
    L’herbe songe aux bluets enfuis.
    L’âme des fougères s’envole :
    Plus de lézards entre les buis !

    Les oiseaux perdent la parole,
    Et par les jours et par les nuits,
    ...

  • Moi, qui l’avais vu si petit,
    Je fus tout chagrin de sa perte,
    Et cette pauvre masse inerte
    Ne m’inspira nul appétit.

    Lorsque chacun se divertit
    Et festoya dans l’herbe verte,
    Moi, qui l’avais vu si petit,
    Je fus tout chagrin de sa perte.

    Mais la porchère compatit
    À son sort, dans la cour déserte,
    Car, en voyant sa bête ouverte,...

  • Miné de chagrin, l’homme croule
    Près du lit à baldaquin bleu
    Où sa femme gît au milieu
    Sous le drap tendu qui la moule.

    Voilà que son doux orphelin
    Monte sur une chaise, et câlin,
    Passe ses mains d’étrange sorte
    Sur la figure de la morte.

    Le père tressaille — il a peur…
    Et, défigé de sa stupeur
    Devant la forme longue et roide,

    ...
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    Pour arracher la morte aussi belle qu’un ange
    Aux atroces baisers du ver,
    Je la fis embaumer dans un boîte étrange.
    C’était par une nuit d’hiver :

    On sortit de ce corps glacé, roide et...

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    Heureux qui vit sans se connaître
    Indéfiniment établi
    Dans la paix de son propre oubli,
    À la surface de son être !

    Car les clairvoyants du destin
    Vivent la mort lente et soufferte,
    Sentant partout la tombe ouverte
    Au bord de leur pas incertain.

    Ils ont usé la patience
    Comme ils ont épuisé l’orgueil ;
    Toute leur âme est un...

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    Longtemps cette figure obséda mes regards,
    Et l’éternel supplice auquel Dieu me condamne,
    Aux rayons ténébreux de ses deux yeux hagards
    S’accrut férocement dans mon cœur et mon crâne.

    Son affreux souvenir me hantait : et, la nuit,
    Dans mon gîte où la Peur le long des meubles rampe,
    Cette face où ricane un formidable ennui
    Luisait aux murs, et...

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    En tas, poussant de longs cris aboyeurs
    Aussi plaintifs que des cris de chouettes,
    Autour des ports, sur les gouffres noyeurs,
    Dans l’air salé s’ébattent les mouettes,
    Promptes au vol comme des alouettes.
    D’un duvet mauve et marqueté de roux,
    Sur l’eau baveuse où le vent fait des trous,
    On peut les voir se tailler des besognes
    Et se...

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    Tic tac, tic tac ! Le moulin sonne,
    Enfariné par tous les bouts,
    Près du donjon plein de hiboux,
    Dans la verdure qui frisonne.

    Au bord du torrent qui façonne
    Les joncs hauts comme des bambous,
    Tic tac, tic tac ! le moulin sonne,
    Enfariné par tous les bouts.

    L’âne qu’un rien caparaçonne,
    Suit dans l’herbe et le long des trous...

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    La mousse aime le caillou dur,
    La tour que la foudre électrise,
    Le tronc noueux comme un fémur
    Et le roc qui se gargarise
    Au torrent du ravin obscur.

    Elle est noire sur le vieux mur,
    Aux rameaux du chêne elle est grise,
    Et verte au bord du ruisseau pur,
             La mousse.

    Le matin, au temps du blé mûr,
    Ce joli végétal qui...

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    À l’heure où l’ombre noire
    Brouille et confond
    La lumière et la gloire
    ...