• Le fossoyeur-bedeau
    Se fait toujours attendre…
    Les porteurs vont reprendre
    Leur funèbre fardeau.

    En soufflant ses grands cierges
    L’officiant se dit :
    « Mon sacristain maudit
    Court encor les auberges ! »

    Enfin, on s’achemine
    Au cimetière, et là
    Riant tout fort, voilà
    Chacun changeant sa mine.

    Car, une voix sereine,...

  •  
    Frère et sœur, les petiots, se tenant par la main,
    Vont au rythme pressé de leurs bras qu’ils balancent ;
    Des hauteurs et des fonds de grands souffles s’élancent,
    Devant eux le soir lourd assombrit le chemin.

    Survient l’orage ! avec tout l’espace qui gronde,
    Avec le rouge éclair qui les drape de sang,
    Les barbouille de flamme en les éblouissant ;...

  •  
    De la tourterelle au crapaud,
    De la chevelure au drapeau,
    À fleur d’eau comme à fleur de peau
    Les frissons courent :
    Les uns furtifs et passagers,
    Imperceptibles ou légers,
    Et d’autres lourds et prolongés
    ...

  • Près d’un champ de folles avoines
    Où, plus rouges que des pivoines,
    Ondulent au zéphyr de grands coquelicots,
    Elles gardent leurs boucs barbus comme des moines,
    ...

  •  

    I

    Jean était un franc débonnaire,
    Jovial d’allure et de ton,
    Égayant toujours d’un fredon
    Son dur travail de mercenaire.

    Soucis réels, imaginaires,
    Aucuns n’avaient mis leur bridon
    À son cœur pur dont l’abandon
    Était le besoin ordinaire.

    Je le retrouve : lèvre amère !
    ...

  •  
    Chaque jour dans la basilique
    Ils pleurent pour de nouveaux morts,
    Lancinants comme des remords
    Avec leur son mélancolique.

    C’est l’appel grave et symbolique
    Que j’entends au gîte et dehors.
    Avec ton sanglot métallique,
    Vieux bourdon, comme tu me mords !

    Hélas ! mon âme est destinée,
    Quand l’horrible glas retentit,
    À grincer...

  •  
    L’homme est un farfadet qui tombe dans la mort,
    Grand puits toujours béant sans corde ni margelle
    Et dont l’eau taciturne éternellement dort
    Sous l’horreur qui la plombe et l’oubli qui la gèle.

    Cet ange féminin qui marchait sans effroi,
    Au bord des lacs chanteurs où les zéphyrs se trempent,
    Voyez comme il est blanc ! Touchez comme il est froid !...

  •  
    L’Énigme désormais n’a plus rien à me taire,
    J’étreins le vent qui passe et le reflet qui fuit,
    Et j’entends chuchoter aux lèvres de la Nuit
    La révélation du gouffre et du mystère.

    Je promène partout où le sort me conduit
    Le savoureux tourment de mon art volontaire ;
    Mon âme d’autrefois qui rampait sur la terre
    Convoite l’outre-tombe et s’...

  •  
    Il pleuvasse avec du tonnerre…
    Il est déjà tard… quand on voit
    Dans le bourg entrer le convoi
    De la défunte octogénaire.

    La clarté du jour s’est enfuie.
    Tristement, la voiture à bœufs
    A repris son chemin bourbeux :
    Le cercueil attend sous la pluie.

    Un lent tintement qui vous glace
    Dégoutte morne du clocher :
    Voici tout le...

  • La fille au père Pierre, avec ses airs de sainte,
    A si bien surveillé son corps fallacieux
    Que sa grossesse a pu mentir à tous les yeux ;
    Mais son heure a sonné de n’être plus enceinte.

    Dans la grand’ chambre on dort comme l’eau dans les trous.
    Tout à coup, elle geint, crie et se désespère.
    On se lève, on apprend la chose. Le grand-père
    Continue à...