Saule pleureur

POUR sujet préféré, les poètes de Chine
Ont le saule pleureur se suspendant sur l’eau.
Ou dirait une vierge à taille souple et fine,
Que de ses longs cheveux courberait le fardeau.

Chaque fleur d’une étoile a la pâleur divine ;
Chaque feuille au zéphir tremble comme un oiseau ;
Et la nappe immobile où l’arbre se dessine,
A l’air d’un grand œil triste où se mire un tombeau.

Sous son ombre, vers l’heure où le soleil décline,
Quand d’obliques rayons dorent chaque rameau,
Celui qui vient songer, les bras sur la poitrine,

Sent fleurir dans son cœur quelque chose de beau
Et comprend votre culte, ô poètes de Chine,
Pour le saule pleureur se suspendant sur l’eau.

  

Collection: 
1856

More from Poet

I

VOYAGEUR, prends garde ! c’est l’heure
Où le soleil va se coucher.
Pour la nuit cherche une demeure ;
Tes pieds saignent de trop marcher.

— Non ! je poursuivrai la lumière,
Non ! je poursuivrai le soleil,
Franchissant montagne et rivière,...

DES violettes sont, d’une nature exquise,
Dont la teinte est plus pâle et plus vague l’odeur ;
Il leur faut le soleil et non l’ombre indécise,
L’essence en est plutôt l’amour que la pudeur.

Dans la serre, à l’automne, on met ces violettes ;
Car, dès qu’il vient du...

LES roses, je les hais, les insolentes roses
Qui du plaisir facile et changeant sont écloses,
Les roses dont l’envie est d’aller à chacun
Montrer leur coloris et livrer leur parfum,
Les roses pour qui rien n’est plus beau que la terre,
Les roses sans douleur, sans...

TU demandes où vont mes pensers aujourd’hui,
Pourquoi je ne dis rien, et si c’est par ennui ?
Non, ce n’est pas l’ennui, c’est l’amour qui m’oppresse.
Si je courbe le front, c’est sous trop d’allégresse,
Comme un arbre au printemps se courbe sous ses fleurs.
La...

CLAIRE est la nuit, limpide est l’onde.
Les astres faisant leur miroir
De la nappe large et profonde,
Y sont encor plus doux à voir.

Le paysage a, sur la rive,
Le charme et le rêve absolus.
Trop tôt quelque laideur arrive.
Rameurs, c’est bien ; ne...