Stéphane Mallarmé

  • Si tu veux nous nous aimerons
    Avec tes lèvres sans le dire
    Cette rose ne l'interromps
    Qu'à verser un silence pire

    Jamais de chants ne lancent prompts
    Le scintillement du sourire
    Si tu veux nous nous aimerons
    Avec tes lèvres sans le dire

    Muet...

  • Ce me va hormis l'y taire
    Que je sente du foyer
    Un pantalon militaire
    À ma jambe rougeoyer

    L'invasion je la guette
    Avec le vierge courroux
    Tout juste de la baguette
    Au gant blancs des tourlourous

    Nue ou d'écorce tenace
    Pas...

  • Quand l'ombre menaça de la fatale loi
    Tel vieux Rêve, désir et mal de mes vertèbres,
    Affligé de périr sous les plafonds funèbres
    Il a ployé son aile indubitable en moi.

    Luxe, ô salle d'ébène où, pour séduire un roi
    Se tordent dans leur mort des guirlandes...

  • A la nue accablante tu
    Basse de basalte et de laves
    A même les échos esclaves
    Par une trompe sans vertu

    Quel sépulcral naufrage (tu
    Le sais, écume, mais y baves)
    Suprême une entre les épaves
    Abolit le mât dévêtu

    Ou cela que furibond faute...

  • Au seul souci de voyager
    Outre une Inde splendide et trouble
    - Ce salut soit le messager
    Du temps, cap que ta poupe double

    Comme sur quelque vergue bas
    Plongeante avec la caravelle
    Ecumait toujours en ébats
    Un oiseau d'annonce nouvelle
    Qui criait...

  • Ô de notre bonheur, toi, le fatal emblème !

    Salut de la démence et libation blême,
    Ne crois pas qu'au magique espoir du corridor
    J'offre ma coupe vide où souffre un monstre d'or !
    Ton apparition ne va pas me suffire :
    Car je t'ai mis, moi-même, en un lieu de...

  • La chair est triste, hélas ! et j'ai lu tous les livres.
    Fuir ! là-bas fuir! Je sens que des oiseaux sont ivres
    D'être parmi l'écume inconnue et les cieux !
    Rien, ni les vieux jardins reflétés par les yeux
    Ne retiendra ce coeur qui dans la mer se trempe
    Ô nuits ! ni la...

  • Torche dans un branle étouffée
    Sans que l'immortelle bouffée
    Ne puisse à l'abandon surseoir !

    La chambre ancienne de l'hoir
    De maint riche mais chu trophée
    Ne serait pas même chauffée
    S'il survenait par le couloir.

    Affres du passé nécessaires
    ...

  • Le pur soleil qui remise
    Trop d’éclat pour l’y trier
    Ote ébloui sa chemise
    Sur le dos du vitrier.

  • Victorieusement fui le suicide beau
    Tison de gloire, sang par écume, or, tempête !
    Ô rire si là-bas une pourpre s’apprête
    À ne tendre royal que mon absent tombeau.

    Quoi ! de tout cet éclat pas même le lambeau
    S’attarde, il est minuit, à l’ombre qui nous fête
    ...