Nérée Beauchemin

  • Aux branches que l'air rouille et que le gel mordore,
    Comme par un prodige inouï du soleil,
    Avec plus de langueur et plus de charme encore,
    Les roses du parterre ouvrent leur coeur vermeil.

    Dans sa corbeille d'or, août cueillit les dernières :
    Les pétales de...

  • Je te reviens, ô paroisse natale.
    Patrie intime où mon coeur est resté ;
    Avant d'entrer dans la nuit glaciale,
    Je viens frapper à ton seuil enchanté.

    Pays d'amour, en vain j'ai fait la route
    Pour saluer encore ton ciel bleu,
    Mon oeil se mouille et ma chair...

  • Écoutez : c'est le bruit de la joyeuse airée
    Qui, dans le poudroîment d'une lumière d'or,
    Aussi vive au travail que preste à la bourrée,
    Bat en chantant les blés du riche messidor.

    Quel gala ! pour décor, le chaume qui s'effrange ;
    Les ormes, les tilleuls, le...

  • L'érable au torse dur et fort,
    Ébrèche le fer qui l'assaille,
    Et, malgré mainte et mainte entaille,
    Résiste aux plus grands coups du Nord.

    L'hiver, dont le cours s'éternise,
    De givre et de neige a tissé
    Le linceul de l'arbre glacé.
    L'érable est mort...

  • Seule, en un coin de terre où plane la tristesse
    Et le mélancolique et vague ennui des soirs,
    La vieille maison blanche, aux grands contrevents noirs,
    Pleure-t-elle ses gens, son hôte, son hôtesse ?

    Avec sa porte close et ses carreaux en deuil
    Qui ne semblent,...

  • Maintenant, plus d'azur clair, plus de tiède haleine,
    Plus de concerts dans l'arbre aux lueurs du matin :
    L'oeil ne découvre plus les pourpres de la plaine
    Ni les flocons moelleux du nuage argentin.

    Les rayons ont pâli, leurs clartés fugitives
    S'éteignent...

  • Si je le parle, à coeur de jour,
    Au pays, avec les miens, comme
    Au grand siècle tout gentilhomme
    Le parlait aux abbés de cour,
    C'est... Ains seulement par amour.

    Ce français vieillot qu'on dédaigne,
    Il est natif d'un haut Poitou
    Et d'un lointain...

  • Terre, dont les âpres rivages
    Et les promontoires géants
    Refoulent les vagues sauvages
    Que soulèvent deux océans ;

    Terre qui, chaque avril, émerges,
    Toute radieuse, à travers
    La cendre de tes forêts vierges
    Et la neige de tes hivers ;

    Terre...

  • Les noirs corbeaux au noir plumage,
    Que chassa le vent automnal,
    Revenus de leur long voyage,
    Croassent dans le ciel vernal.

    Les taillis, les buissons moroses
    Attendent leurs joyeux oiseaux :
    Mais, au lieu des gais virtuoses,
    Arrivent premiers les...

  • La campagne, comme autrefois,
    Avec le bahut, et le coffre,
    Et l'armoire à vitrail, nous offre
    Le ber à quenouilles de bois.

    Dans le coeur d'un merisier rouge,
    L'aïeul a taillé les morceaux ;
    Et la courbe des longs berceaux
    Illustre la naïve gouge....