Nérée Beauchemin

  • Radieuses apothéoses
    Du soleil d'or et du ciel bleu,
    Fraîche gloire des printemps roses,
    Pourquoi donc durez-vous si peu ?

    Pourquoi donc êtes-vous si brèves,
    Aubes de l'enfance ? Beaux jours,
    Si pleins d'aromes et de sèves,
    Pourquoi donc êtes-vous si...

  • Je veux vivre seul avec toi
    Les jours de la vie âpre et douce,
    Dans l'assurance de la Foi,
    Jusqu'à la suprême secousse.

    Je me suis fait une raison
    De me plier à la mesure
    Du petit cercle d'horizon
    Qu'un coin de ciel natal azure.

    Mon rêve...

  • Est-ce l'avril ? Sur la colline
    Rossignole une voix câline,
    De l'aube au soir.
    Est-ce le chant de la linotte ?
    Est-ce une flûte ? est-ce la note
    Du merle noir ?

    Malgré la bruine et la grêle,
    Le virtuose à la voix frêle
    Chante toujours ;
    Sur...

  • À peine les faucheurs ont engrangé les gerbes
    Que déjà les chevaux à l'araire attelés
    Sillonnent à travers les chardons et les herbes
    La friche où juin fera rouler la mer des blés.

    Fécondité des champs ! cette glèbe qui fume,
    Ce riche et fauve humus, recèle en...

  • Par un temps de demoiselle,
    Sur la frêle caravelle,
    Mon aïeule maternelle,
    Pour l'autre côté de l'Eau,
    Prit la mer à Saint-Malo.

    Son chapelet dans sa poche,
    Quelques sous dans la sacoche,
    Elle arrivait, par le coche,
    Sans parure et sans bijou...

  • Octobre glorieux sourit à la nature.
    On dirait que l'été ranime les buissons.
    Un vent frais, que l'odeur des bois fanés sature,
    Sur l'herbe et sur les eaux fait courir ses frissons.

    Le nuage a semé les horizons moroses,
    De ses flocons d'argent. Sur la marge des...

  • Petite maison basse, au grand chapeau pointu,
    Qui, d'hiver en hiver, semble s'être enfoncée
    Dans la terre sans fleurs, autour d'elle amassée.
    Petite maison grise, au grand chapeau pointu,
    Au lointain bleu, là-bas, dis-le-moi, que vois-tu ?

    Par les yeux...

  • Comme au printemps de l'autre année,
    Au mois des fleurs, après les froids,
    Par quelque belle matinée,
    Nous irons encore sous bois.

    Nous y verrons les mêmes choses,
    Le même glorieux réveil,
    Et les mêmes métamorphoses
    De tout ce qui vit au soleil....

  • Depuis l'âge orageux des aurores premières
    Où tout un ciel pleuvait sur un monde naissant,
    Suivi d'un infini cortège de rivières,
    Au large, à plein chenal, en triomphe, il descend.

    Superbe, délivré des ténèbres sauvages
    Et des enchantements des noirs Esprits du...

  • Dans ta mémoire immortelle,
    Comme dans le reposoir
    D'une divine chapelle,
    Pour celui qui t'est fidèle,
    Garde l'amour et l'espoir.

    Garde l'amour qui m'enivre,
    L'amour qui nous fait rêver ;
    Garde l'espoir qui fait vivre ;
    Garde la foi qui délivre...