Maurice Scève

  • (près laquelle, jadis, habita Pétrarque)

    Quiconques voit de la Sorgue profonde
    L'étrange lieu, et plus étrange source,
    La dit soudain grand merveille du monde,
    Tant pour ses eaux que pour sa raide course.
    Je tiens le lieu fort admirable, pour ce
    Qu'on...

  • I

    Dans son jardin Vénus se reposait
    Avec Amour, sa douce nourriture,
    Lequel je vis, lorsqu'il se déduisait,
    Et l'aperçus semblable à ma figure
    Car il était de très basse stature,

    Moi très petit ; lui pâle, moi transi.
    Puisque pareils nous...

  • Tout le repos, ô nuit, que tu me dois,
    Avec le temps mon penser le dévore :
    Et l'horloge est compter sur mes doigts
    Depuis le soir jusqu'à la blanche Aurore.
    Et sans du jour m'apercevoir encore,
    Je me perds tout en si douce pensée,
    Que du veiller l'âme non...

  • Au moins toi, claire et heureuse fontaine,
    Et vous, ô eaux fraîches et argentines,
    Quand celle en vous - de tout vice lointaine -
    Se vient laver ses deux mains ivoirines,
    Ses deux soleils, ses lèvres corallines,
    De Dieu créées pour ce monde honorer,
    Devriez...

  • En tel suspens ou de non ou d'oui,
    Je veux soudain et plus soudain je n'ose.
    L'un me rend triste, et l'autre réjoui
    Dépendant tout de liberté enclose.
    Mais si je vois n'y pouvoir autre chose,
    Je recourrai à mon aveugle juge.
    Réfrénez donc, mes yeux, votre déluge...

  • Le jour passé de ta douce présence
    Fut un serein en hiver ténébreux,
    Qui fait prouver la nuit de ton absence
    A l'oeil de l'âme être un temps plus ombreux,
    Que n'est au Corps ce mien vivre encombreux,
    Qui maintenant me fait de soi refus.

    Car dès le point,...