Jean-Antoine de Baïf

  • Tu me desplais, quoy que belle tu soys,
    Tu me desplais, croy moy, je le confesse,
    Et, bien qu'a moy tu desplaises, sans cesse
    Je suy contreint ton amour toutesfoys.

    Ton doulx regard, ta plus qu'humaine voix,
    Ton port divin, tes graces, ma Deesse,
    Me font...

  • D'un chapeau qui fleuronne
    La rose on ne couronne,
    Tes atours en ce point
    Ne te reparent point :
    Mais ce sont les parures
    De tes belles vetures
    Les luysantes beautez
    En toy de tous costez :
    Les pierres precieuses,
    Les robes somptueuses,
    En...

  • Ce n'est point la paquerete,
    La marguerite, le lis,
    L'oeillet ny la violete,
    La fleur où mon coeur j'ay mis.

    J'aime entre les fleurs la rose,
    Car elle porte le nom
    D'une qui mon ame a close
    A toute autre affection.

    La rose entre les fleurétes...

  • Depuis le jour que mon ame fut prise
    Par tes doux feuz traitrement gratieux,
    Un seul doux trait jusqu'ici de tes yeux
    N'avoyt ta grace a mon ardeur promise :

    Elle aujourdhuy, par longue usance aprise
    De se nourrir en travaux soucieux,
    M'a quitté presque...

  • Sire, en ton courroux ne me viens convaincre du forfait :
    Non ne me viens châtier en ta bouillante fureur.

    Miséricorde de moi, Seigneur, car faible je languis.
    Ô, guéris moi, Seigneur : j'ai tous mes os étonnés.

    Même mon âme se trouble de peur, tremblante dedans...

  • Babillarde, qui toujours viens
    Le sommeil et songe troubler
    Qui me fait heureux et content,
    Babillarde aronde, tais-toi.

    Babillarde aronde, veux-tu
    Que de mes gluaux affutés
    Je te fasse choir de ton nid ?
    Babillarde aronde, tais-toi.

    ...

  • Vien ça, vien friandelette,
    Vien qu'en esbas amoureux
    Ce beau printemps vigoureux,
    Ma belle Francinelette,
    Nous passions libres de soin,
    " Loin des peines importunes,
    " Qui volontiers ne sont loin
    " Des plus hautaines fortunes.

    Il n'est rien, qui ne...

  • Or voy-je bien qu'il faut vivre en servage,
    A dieu ma liberté :
    Dans les liens de l'amoureux cordage
    Je demeure arresté.
    J'ay conoissance
    De la puissance
    D'une maistresse,
    Qu'Amour adresse.
    Ô combien peut sur nous une beauté !

    J'ay veu le...

  • Metz moy au bord d'ou le soleil se léve,
    Ou pres de l'onde ou sa flamme s'esteint,
    Metz moy aux lieux que son rayon n'ateint,
    Ou sur le sable ou sa torche est trop gréve.

    Metz moy en joye ou douleur longue ou breve,
    Liberté franche, ou servage contreint,
    ...

  • Haute beauté dans une humble pucelle,
    Un beau parler plein de grave douceur,
    Sous blondz cheveux un avantchenu cueur,
    Un chaste sein ou la vertu se cele :

    En corps mortel une grace immortelle,
    En douceur fiere une douce rigueur,
    Eu sage esprit une gaye...