Je méditais une ode, ou pis peut-être,
Quand tout à coup grand bruit dans le quartier ;
« À l’entre-sol un garçon vient de naître ;
» Notre portière accouche d’un portier !… »
Ornant de fleurs ses langes un peu sales,
Je l’ai vu beau, beau comme un fils de roi,...
Hégésippe Moreau
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Ô vous ! qui, recueillant ma première parole,
Au ménestrel quêteur glissâtes votre obole,
Je vous devais un hymne, et je soupire un lai ;
Au poëte insolvable accordez un délai.
J’ai promis d’exploiter les trésors de nos fastes ;
À tous nos jours de gloire, à tous... -
À seize ans, pauvre et timide
Devant les plus frais appas,
Le cœur battant, l’œil humide,
Je voulais et n’osais pas,
Et je priais, et sans cesse
Je répétais dans mes vœux :
« Jésus ! rien qu’une maîtresse,
Rien qu’une maîtresse… ou deux ! »Lors...
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Comme l’abeille fugitive
Qui fait son miel en voyageant ;Le chansonnier de rive en rive
Va bourdonnant et voltigeant ;
Comme elle, du myrte à la treille,
Il recommence vingt détours :
Vole, vole, petite abeille,
Vole, vole, vole toujours.Hélas...
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Blonde à l’œil bleu, lis tremblant sur sa tige,
Vous vous plaignez, lorsque, prenant l’éveil,
Autour de vous la jeunesse voltige
Comme un essain qui bourdonne au soleil.
Plaignez un peu les jeunes cœurs sans nombre
En plein midi soupirant sur vos pas ;
... -
Fée ou démon, magicienne ou sorcier,
Je te maudis de grand cœur et pour cause :
Depuis hier je suis ton créancier.
Quand j’implorais un sourire de Rose,
La pauvre enfant sanglotait sur ta prose ;
Elle y perdit un bon quart d’heure, et moi,
Mille baisers,... -
Fuis, âme blanche, un corps malade et nu ;
Fuis en chantant vers un monde inconnu !À dix-huit ans, je n’enviais pas, certes !
Le froid bandeau qui presse les yeux morts.
Dans les grands bois, dans les campagnes vertes,
Je me plongeais avec délice alors ;
... -
Au Val-Bénit partez, fils de ma muse !
A peine éclos, c'est là qu'il faut aller;
Parlez sans moi , vous direz pour excuse .
Il n'a pas, lui, d'ailes pour s'envoler. »Lisant Rousseau qu'aiment tous les poètes ,
Là, j'ai coulé peu de jours bien remplis;
Mais... -
Heureux Médor, si j’ai bonne mémoire,
Je t’ai connu jadis maigre et hideux ;
Chien sans pâtée, et poëte sans gloire,
Dans le ruisseau nous barbotions tous deux.
Lorsqu’à mes chants si peu d’échos s’émeuvent,
Lorsque du ciel mon pain tombe à regret,
À tes... -
Nymphes de mon pays, déités bocagères,
Donnez un libre essor à vos danses légères,
Et, dédaignant les fleurs du vallon maternel,
Couronnez vos cheveux d’un laurier solennel.
Lebrun vient embellir nos bords par sa présence ;
Dans les foyers témoins des jeux de son...