Émile Deschamps

  • Quand la Rome d’orgie, après le moindre choc,
    Tombait de pourriture, ayant au cœur son chancre,
    Ou comme un vieux vaisseau, désarmé de son ancre,
    Sur une mer de sang sombrait de roc en roc ;

    Guettant mourir la ville, enfoui sous son froc,
    Un sale Juif, avec ses...

  • Mon Dieu ! toi qui sais tout, oh ! ne m’ordonne pas
    D’atteindre aux sombres jours de la froide vieillesse ;
    De voir mon corps s’user, et tomber pièce à pièce,
    Et la destruction me gagner pas à pas ;
    ...

  • « Comment mourra Paris ? quels insolents hasards
    Oseraient, ce géant, le renverser sur l’herbe ?
    Paris qui, d’âge en âge, a noué dans sa gerbe
    Les éparses moissons d’Athène et des Césars !

    » Lui, palais des palais, et bazars des bazars ;
    Le cerveau de l’Europe, et...

  • Quand sous son déïcide et Titus en fureur,
    Jérusalem maudite eut fermé sa paupière,
    Sans que du temple saint restât pierre sur pierre,
    Le corps seul succomba, trop juste objet d’horreur.

    Mais d’une autre existence un souffle avant-coureur,
    L’âme se dégagea de cette...

  • Il est de tristes fleurs qui fleurissent fanées,
    Aux crevasses des murs, sur les tours ruinées ;
    Le soleil les accable, et le vent orageux
    Les déchire, cruel comme nous dans ses jeux.
    On les voit cependant, qui se pressent d’éclore,
    Comme si dans leur sein devait...

  • Quand, les temps accomplis, sous les faisceaux romains
    Mourante, se tordait la cité de Minerve,
    (Car, splendeur, et génie, et grâce, tout s’énerve !)
    On la vit vers le ciel tendre ses blanches mains ;

    Remplissant ses palais, le port et les chemins
    De soupirs...

  • Quoi ! les fils de Paris, qu’on disait si barbares,
    Comme les instruments d’un orchestre accompli,
    De leurs dix mille voix accordent les fanfares,
    Et l’espace autour d’eux par l’extase est rempli !…
    Hubert après Wilhem nous a fait ce prodige ;
    Tant un mortel est...

  • Comme un voleur de nuit, chez vous la mort avide
    S’est glissée ; et voilà qu’il dort sous le gazon
    Le beau petit enfant, lui qui, dans la maison,
    Tenait si peu de place… et laisse un si grand vide !

    Quand le fil de nos jours lentement se dévide
    Sur le fuseau fatal...