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« Les plus beaux vers » Edmond Haraucourt 1891 French

Les plus beaux vers sont ceux qu’on n’écrira jamais,
Fleurs de rêves dont l’âme a respiré l’arôme,
Lueurs d’un infini, sourires d’un fantôme,
Voix de plaine que l’on entend sur les sommets.

L’intraduisible espace est hanté de poèmes,
Mystérieux exil, Eden, jardin...

« Les sept filles d’Orlamonde » Maurice Maeterlinck 1882 French

VII

Les sept filles d’Orlamonde,
Quand la fée fut morte,
Les sept filles d’Orlamonde,
Cherchèrent les portes.

Ont allumé leur sept lampes,
Ont ouvert les tours,
Ont ouvert quatre cents salles,
Sans trouver le jour…

...

« Les trois sœurs aveugles » Maurice Maeterlinck 1882 French

V

Les trois sœurs aveugles
(Espérons encore)
Les trois sœurs aveugles
Ont leurs lampes d’or.

Montent à la tour,
(Elles, vous et nous)
Montent à la tour,
Attendent sept jours…

Ah ! dit la première,
(Espérons...

« Les trois sœurs ont voulu mourir » Maurice Maeterlinck 1882 French

XIV

Les trois sœurs ont voulu mourir
Elles ont mis leurs couronnes d’or
Et sont allées chercher leur mort.

S’en sont allées vers la forêt :
« Forêt, donnez-nous notre mort,
Voici nos trois couronnes d’or. »

La forêt se mit à...

« Les yeux d’or de la nuit » Leconte de Lisle 1895 French

Les yeux d’or de la Nuit, dans la mer qui les berce,
Luisent comme en un ciel lentement onduleux.
Le tranquille soupir exhalé des flots bleus
Se mêle à l’air muet et tiède, et s’y disperse.

Les eaux vives, fluant sous les rosiers épais,
Qui d’un frisson léger...

« Lorsque je serai mort » Albert Lozeau 1898 French

 

LORSQUE je serai mort, ― puisqu’il nous faut mourir, ―
Mon âme reviendra sur la terre souffrir
Avec vous, que l’exil ténébreux enlinceule,
Afin qu’en votre nuit vous ne soyez pas seule.
J’ai trop souvent pleuré vos chagrins ici-bas,
Pour que de l’infini je...

« Lorsque j’étais encore un tout jeune homme pâle » Victor Hugo 1908 French

Lorsque j'étais encore un tout jeune homme pâle,
Et que j'allais entrer dans la lice fatale,
Sombre arène où plus d'un avant moi se perdit,
L'âpre Muse aux regards mystérieux m'a dit :
— Tu pars ; mais quand le Cid se mettait en campagne
Pour son Dieu, pour son...

« Lorsque le soir descend » Alice de Chambrier 1886 French

 
Lorsque le soir descend, j’aime entendre les vagues
Expirer sur la grève avec des sanglots vagues,
Tandis qu’un rayon pâle égaré dans les cieux
Mêle son reflet clair au bleu triste des ondes
Et brode un ourlet d’or sur les nappes profondes
Qui jettent leur...

« Lorsque sur ma fenêtre » Auguste Brizeux 1826 French

 
Lorsque sur ma fenêtre, à l'heure du réveil,
Légèrement se pose un rayon de soleil,
Un rayon d'espérance entre aussi dans mon gîte ;
C'est comme un ami cher qui, vous faisant visite,
Par de joyeux propos éclaire votre ennui,
Et ce jour-là vous rend égayé...

« Louez Dieu par toute la terre » François de Malherbe 1575 French

      Louez Dieu par toute la terre,
      Non pour la crainte du tonnerre
      Dont il menace les humains,
Mais pource que sa gloire en merveilles abonde,
Et que tant de beautés qui reluisent au monde
      Sont les ouvrages de ses mains.

      Sa...

« L’aigu bruissement » Leconte de Lisle 1895 French

L’aigu bruissement des ruches naturelles,
Parmi les tamarins et les manguiers épais,
Se mêlait, tournoyant dans l’air subtil et frais,
À la vibration lente des bambous grêles
Où le matin joyeux dardait l’or de ses rais.

Le vent léger du large, en longues nappes...

« L’âme antique était rude et vaine » Paul Verlaine 1864 French

L’âme antique était rude et vaine
Et ne voyait dans la douleur
Que l’acuité de la peine
Ou l’étonnement du malheur.

L’art, sa figure la plus claire,
Traduit ce double sentiment
Par deux grands types de la Mère
En proie au suprême tourment.

C’est...

« L’âme humaine est sans cesse en tous les sens poussée » Victor Hugo 1908 French

I

L’âme humaine est sans cesse en tous les sens poussée.

Dans l’étrange forêt qu’on nomme la pensée,
Tout existe. Sina n’exclut pas Cythéron.
La douce flûte alterne avec le fier clairon ;
Le fifre railleur donne aux lyres la réplique ;...

« L’immense être inconnu sourit. L’aube réveille » Victor Hugo 1908 French

 
L’immense Être inconnu sourit. L’aube réveille
Le ciron, la fourmi, la fleur des prés, l’abeille,
Les nids chuchotants, les hameaux,
La forêt aux profonds branchages, les campagnes,
L’océan, le soleil derrière les montagnes,
Mon âme derrière les maux.

...
« L’ombre des arbres dans la rivière embrumée » Paul Verlaine 1902 French

L’ombre des arbres dans la rivière embrumée
Meurt comme de la fumée,
Tandis qu’en l’air, parmi les ramures réelles,
...

« Ma nef passe au destroit d’une mer couroucée » Philippe Desportes 1566 French

Ma nef passe au destroit d’une mer couroucée,
Toute comble d’oubly, l’hiver à la minuict ;
Un aveugle, un enfant, sans soucy la conduit,
Desireux de la voir sous les eaux renversée.

Elle a pour chaque rame une longue pensée
Coupant, au lieu de l’...

« Ma raison me l’a dit aussi bien... » Paul Scarron 1630 French

Ma raison me l’a dit aussi bien que mes yeux,
Que vous étiez toute charmante et belle ;
...

« Ma vie entre déjà dans l’ombre de la mort » Victor Hugo 1908 French

I

Ma vie entre déjà dans l’ombre de la mort,
Et je commence à voir le grand côté des choses.
L’homme juste est plus beau, terrassé par le sort ;
Et les soleils couchants sont des apothéoses.

Brutus vaincu n’a rien dont s’étonne Caton ;...

« Madame et souveraine » Gérard de Nerval 1828 French

 
« Madame et souveraine,
Que mon cœur a de peine... »
Ainsi disait un enfant chérubin :
« Madame et souveraine,
Que mon cœur a de peine... »

Cette nuit, je ne sais trop pourquoi, ce refrain
A trotté dans ma tête et m'a laissé tout triste...
J'ai...

« Matelots ! matelots » Victor Hugo 1909 French

XVI

Matelots ! matelots ! vous déploierez les voiles ;
Vous voguerez, joyeux parfois, mornes souvent ;
Et vous regarderez aux lueurs des étoiles...