Phidylé

L’herbe est molle au sommeil sous les frais peupliers.
       Aux pentes des sources moussues
Qui, dans les prés en fleur germant par mille issues,
       Se perdent sous les noirs halliers.

Repose, ô Phidylé : Midi sur les feuillages
       Rayonne, et t’invite au sommeil.
Par le trèfle et le thym, seules, en plein soleil,
       Chantent les abeilles yolages.

Un chaud parfum circule aux détours des sentiers ;
       La rouge fleur des blés s’incline ;
Et les oiseaux, rasant de l’aile la colline,
       Cherchent l’ombre des églantiers.

Les taillis sont muets ; le daim, par les clairières,
       Devant les meutes en abois
Ne bondit plus : Diane, assise au fond des bois,
       Polit ses flèches meurtrières.

Dors en paix, belle enfant aux rires ingénus,
       Aux nymphes agrestes pareille !
De ta bouche au miel pur j’écarterai l’abeille,
       Je garantirai tes pieds nus.

Laisse sur ton épaule et ses formes divines,
       Comme un or fluide et léger,
Sous mon souffle amoureux courir et voltiger
       L’épaisseur de tes tresses fines !

Sans troubler ton repos, sur tout front transparent
       Libre des souples bandelettes,
J’unirai l’hyacinthe aux pales violettes,
       Et la rose an myrte odorant.

Belle comme Érycine aux jardins de Sicile,
       Et plus chère à mon cœur jaloux,
Repose ! et j’emplirai du souffle le plus doux
       La flûte à mes lèvres docile.

Je charmerai les bois, ô blanche Phidylé,
       De ta louange familière ;
Et les Nymphes, au seuil de leurs grottes de lierre,
       En pâliront, le cœur troublé.

Mais quand l’Astre, incliné sur sa courbe éclatante,
       Verra ses ardeurs s’apaiser,
Que ton plus beau sourire et ton meilleur baiser
       Me récompensent de l’attente !

Collection: 
1855

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