Pan

Pan d’Arcadie, aux pieds de chèvre, au front armé
De deux cornes, bruyant et des pasteurs aimé,
Dès que l’aube a doré la montagne et la plaine,
Emplit les verts roseaux d’une amoureuse haleine.

Vagabond, il se plaît aux jeux, aux chœurs dansants
Des nymphes, sur la mousse et les gazons naissants.
La peau du lynx revêt son dos ; sa tête est ceinte
De l’agreste safran, de la molle hyacinthe ;
Et d’un rire sonore il éveille les bois.
Les nymphes aux pieds nus accourent à sa voix,
Et légères, auprès des fontaines limpides,
Elles entourent Pan de leurs rondes rapides.
Dans les grottes de pampre, au creux des antres frais,
Le long des cours d’eau vive échappés des forêts,
Sous le dôme touffu des épaisses yeuses,
Le dieu fuit de midi les ardeurs radieuses ;
Il s’endort, et les bois respectant son sommeil,
Gardent le divin Pan des flèches du soleil.
Mais sitôt que la nuit, calme et ceinte d’étoiles,
Déploie aux cieux muets les longs plis de ses voiles,

Pan, d’amour enflammé, dans les bois familiers,
Poursuit la vierge errante à l’ombre des halliers ;
La saisit au passage ; et, transporté de joie,
Aux clartés de la lune il emporte sa proie.

Collection: 
1852

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