Nouvel amour

Comment savoir d'avance
Si ce nouvel amour sera la vague immense
Qui transportera l'âme ivre d'émotion,
Jusqu'où s'annonce, enfin, la révélation,
Ou s'il ira se perdre en fol espoir vivide,
En trépignements dans le vide ?

À sa famille de pensées
Une femme nous présenta ;
Ravi, nous avons dit, en phrases nuancées,
Vers quel bonheur tendaient nos pas.

Un soir de clair de lune,
Un moment de tendresse et de rêve charnel,
Où le monde paraît simple et presque irréel,
Cette femme devient la grisante fortune
Oue notre désir appelait.
Le songe autour de nous danse un pas de ballet.

Tout à coup transparaît en l'aimée une tache
Qui nous hallucine, grandit,
Éclipse ses vertus et cache
Son charme de jadis.

Et parce que la dissemblance
Inéluctable entre les coeurs,
Avança par hasard son jour de délivrance,
Le bel amour nouveau se meurt.

Collection: 
1903

More from Poet

  • La montagne portait sa robe d'or bruni,
    Or fragile tombant, feuille à feuille, des branches,
    Dans le chemin, parmi la foule du dimanche,
    Sur les sentiers ombreux et le gazon terni.

    Reposés de leur course à travers l'infini,
    Et doux, comme l'émoi d'une âme qui s'...

  • Aux pieds de trois coteaux habillés de sapins
    Gît un lac profond, clair et sage,
    Où maintes fois je suis descendu, le matin,
    Aspirer la paix qu'il dégage.

    Rond et luxuriant, à son centre, un îlot
    Ressemble au chaton d'une bague ;
    Les arbres alentour, penchés...

  • Je connais, dans les Apalaches,
    Un val séduisant qui se cache
    Comme un rêve ingénu ;
    Un val aux pentes fantaisistes
    Où se promène, dans les schistes,
    Un ruisseau bienvenu.

    Quand, brusquement, on le découvre
    C'est un avenir clair qui s'ouvre,
    Un...

  • Or, le sage, parti dès son adolescence
    Pour juger les flambeaux qui le devaient guider,
    Savait à quel néant marche la connaissance
    Et confondait la vérité d'une croyance
    Avec l'or, qui vaudra ce qu'on a décidé.

    Les dieux que la pensée humaine, en son ornière,...

  • C'est la neige tourbillonnante
    Qui voltige dans l'air, mousseline vivante,
    La neige qui s'arma, dans l'extase du froid,
    D'une beauté trop loin de la vie et traîtresse.
    La neige pleine de caresses,
    Si douce au pas quand elle choit.

    Ceux-là dont le sang bout...