On n'offense que Dieu qui seul pardonne. Mais
On contriste son frere, on l'afflige, on le blesse,
On fait gronder sa haine ou pleurer sa faiblesse,
Et c'est un crime affreux qui va troubler la paix
Des simples, et donner au monde sa pâture,
Scandale, coeurs perdus, gros mots et rire épais.
Le plus souvent, par un effet de la nature
Des choses, ce péché trouve son châtiment
Meme ici-bas, féroce et long, communément.
Mais l'Amour tout-puissant donne à la créature
Le sens de son malheur qui mène au repentir
Par une route lente et haute, mais tres sûre.
Alors un grand désir, un seul, vient investir
Le pénitent, après les premières alarmes,
Et c'est d'humilier son front devant les larmes
De naguère, sans rien qui pourrait amortir
Le coup droit pour l'orgueil, et de rendre les armes
Comme un soldat vaincu, - triste, de bonne foi.
Ô ma soeur, qui m'avez puni, pardonnez-moi !