Lentement, doucement, de peur qu?elle se brise,
Prendre une âme ; écouter ses plus secrets aveux,
En silence, comme on caresse des cheveux ;
Atteindre à la douceur fluide de la brise ;
Dans l?ombre, un soir d?orage, où la chair s?électrise,
Promener des doigts d?or sur le clavier nerveux ;
Baisser l?éclat des voix ; calmer l?ardeur des feux ;
Exalter la couleur rose à la couleur grise ;
Essayer des accords de mots mystérieux
Doux comme le baiser de la paupière aux yeux ;
Faire ondoyer des chairs d?or pâle dans les brumes ;
Et, dans l?âme que gonfle un immense soupir
Laisser, en s?en allant, comme le souvenir
D?un grand cygne de neige aux longues, longues plumes.