Vous qui avez écrit qu'il n'y a plus en terre

Vous qui avez écrit qu'il n'y a plus en terre
De nymphe porte-flèche errante par les bois,
De Diane chassante, ainsi comme autrefois
Elle avait fait aux cerfs une ordinaire guerre,

Voyez qui tient l'épieu ou échauffe l'enferre ?
Mon aveugle fureur, voyez qui sont ces doigts
D'albâtre ensanglantés, marquez bien le carquois,
L'arc et le dard meurtrier, et le coup qui m'atterre,

Ce maintien chaste et brave, un cheminer accort.
Vous diriez à son pas, à sa suite, à son port,
A la face, à l'habit, au croissant qu'elle porte,

A son oeil qui domptant est toujours indompté,
A sa beauté sévère, à sa douce beauté,
Que Diane me tue et qu'elle n'est pas morte.

Collection: 
1572

More from Poet

  • Soubs la tremblante courtine
    De ces bessons arbrisseaux,
    Au murmure qui chemine
    Dans ces gazouillans ruisseaux,
    Sur un chevet touffu esmaillé des couleurs
    D'un million de fleurs,

    A ces babillars ramages
    D'osillons d'amour espris,
    Au fler des roses...

  • Je sens bannir ma peur et le mal que j'endure,
    Couché au doux abri d'un myrte et d'un cyprès,
    Qui de leurs verts rameaux s'accolant près à près
    Encourtinent la fleur qui mon chevet azure !

    Oyant virer au fil d'un musicien murmure
    Milles nymphes d'argent, qui de...

  • Pressé de désespoir, mes yeux flambants je dresse
    À ma beauté cruelle, et baisant par trois fois
    Mon poignard nu, je l'offre aux mains de ma déesse,
    Et lâchant mes soupirs en ma tremblante voix,
    Ces mots coupés je presse :

    " Belle, pour étancher les flambeaux de...

  • Auprès de ce beau teint, le lys en noir se change,
    Le lait est basané auprès de ce beau teint,
    Du cygne la blancheur auprès de vous s'éteint
    Et celle du papier où est votre louange.

    Le sucre est blanc, et lorsqu'en la bouche on le range
    Le goût plait, comme fait le...

  • Voici la mort du ciel en l'effort douloureux
    Qui lui noircit la bouche et fait saigner les yeux.
    Le ciel gémit d'ahan, tous ses nerfs se retirent,
    Ses poumons près à près sans relâche respirent.
    Le soleil vêt de noir le bel or de ses feux,
    Le bel oeil de ce monde...