Si tu es Tout en tout, des Essences l'essence

Si tu es Tout en tout, des Essences l'essence,
L'estre seul absolu par qui tous estres sont,
Si tout ce qui se meut au clos de ce grand rond
Se meut souz le ressort de ta sainte ordonnance,

Plus, si tu as empreint ton seel de providence
D'un soing particulier au milieu de mon front,
Comme en ton vif image, et si mes esprits sont
Moins en soy, qu'en eux est ta divine presence.

Si tousjours, en tout lieu, en tout ce que je fais
Tu remarques mes pas, mes propos et mes faits,
Et les soings plus cachés au fond de ma pensee :

Las ! comment ne me tiens-je à toy seul arresté,
Sans vaguer ça et là follement transporté,
Comme une girouette à tous vents eslancée ?

Collection: 
1577

More from Poet

  • Comme le jour depend du soleil qui l'enflame,
    Les fleuves de la mer, de son tige la fleur,
    L'intellect de l'esprit, du baume son odeur,
    L'humidité de l'eau, la chaleur de la flame ;

    Ainsi de l'estre humain, la non mortelle trame
    Depend, et beaucoup mieux du grand...

  • Ainsi que tous les corps que la nature anime,
    Et forme inanimez en ce clos rondissant
    Ont leur cause, leur centre, et vont resortissant
    Au centre, qu'elle enferme au creux de son abysme,

    Ainsi que tous les poincts qu'en sa masse sublime
    Contient la pyramide és nues...

  • Des astres tournoyans la danse coustumiere
    Cessera d'embrasser du monde la rondeur,
    Phebus ira la nuict, et sa nuitale Soeur
    De son char brillonnant guidera la carriere.

    La flame sans chaleur, l'air privé de lumiere,
    Sans fermeté la terre, et l'onde sans froideur,...

  • Si tu es Tout en tout, des Essences l'essence,
    L'estre seul absolu par qui tous estres sont,
    Si tout ce qui se meut au clos de ce grand rond
    Se meut souz le ressort de ta sainte ordonnance,

    Plus, si tu as empreint ton seel de providence
    D'un soing particulier au...

  • Sequestré pour jamais et du monde et de moy
    Et plus qu'onc esclairci de la douce lumiere
    Dont l'Esprit donne-esprit par faveur singuliere
    Me descouvre, bening, les secrets de la foy,

    Que de divinitez en l'ame je conçoy,
    Voire tant s'elargit sa grandeur familiere...