Souvent le coeur qu'on croyait mort

Souvent le coeur qu'on croyait mort
N'est qu'un animal endormi ;
Un air qui souffle un peu plus fort
Va le réveiller à demi ;
Un rameau tombant de sa branche
Le fait bondir sur ses jarrets
Et, brillante, il voit sur les prés
Lui sourire la lune blanche.

Collection: 
1905

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  • Pourquoi crains-tu, fille farouche
    De me voir nue entre les fleurs ?
    Mets une rose sur ta bouche
    Et ris avec moins de rougeur.
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    Est transparente autour de toi
    Et que d'un clair regard je vois
    Ta sveltesse qui se dérobe ?...

  • Jusqu'au ciel d'azur gris le pré léger s'élève
    Comme une route fraîche inconnue aux vivants ;
    La mouillure de l'herbe et de la jeune sève

    Répand dans l'air rêveur son haleine d'argent.
    Sur les bords de ce pré le bouleau se balance
    Avec le merisier profond dans ses...

  • Mais je suis belle d'être aimée,
    Vous m'avez donné la beauté,
    Jamais ma robe parfumée
    Sur la feuille ainsi n'a chanté,
    Jamais mon pas n'eut cette grâce
    Et mes yeux ces tendres moiteurs
    Qui laissent les hommes rêveurs
    Et les fleurs même, quand je passe....

  • Beauté, dans ce vallon étends-toi blanche et nue
    Et que ta chevelure alentour répandue
    S'allonge sur la mousse en onduleux rameaux ;
    Que l'immatérielle et pure voix de l'eau,
    Mêlée au bruit léger de la brise qui pleure,
    Module doucement ta plainte intérieure.
    ...

  • Je suis née au milieu du jour,
    La chair tremblante et l'âme pure,
    Mais ni l'homme ni la nature
    N'ont entendu mon chant d'amour.

    Depuis, je marche solitaire,
    Pareille à ce ruisseau qui fuit
    Rêveusement dans les fougères
    Et mon coeur s'éloigne sans bruit...