Jules Barbey d'Aurevilly

  • A Clary.

    Tu ne sais pas, Clary, quand, heureuse, ravie,
    Tu me tends ton épaule et ton front tour à tour,
    Que dans la double coupe où je puise la vie
    Il est un autre goût que celui de l'amour...
    Ô ma chère Clary, tu ne sais pas sans doute
    Qu'il est derrière...

  • A la baronne H. de B.

    Nénuphars blancs, ô lys des eaux limpides,
    Neige montant du fond de leur azur,
    Qui, sommeillant sur vos tiges humides,
    Avez besoin, pour dormir, d'un lit pur ;
    Fleurs de pudeur, oui ! vous êtes trop fières
    Pour vous laisser cueillir...

  • Je pris pour maître, un jour, une rude Maîtresse,
    Plus fauve qu'un jaguar, plus rousse qu'un lion !
    Je l'aimais ardemment, - âprement, - sans tendresse,
    Avec possession plus qu'adoration !
    C'était ma rage, à moi ! la dernière folie
    Qui saisit, - quand, touché par l'...

  • A Mademoiselle Marthe Brandès.

    Te souviens-tu du soir, où près de la fenêtre
    Ouverte d'un salon plein de joyeux ébats,
    Tu n'avais pas seize ans... les avais-tu ?... Peut-être ?
    Sous le rideau tombé, nous nous parlions tout bas ?...
    Ce n'était pas l'amour que t'...

  • Ex imo.

    C'était dans la ville adorée,
    Sarcophage pour moi des premiers souvenirs,
    Où tout enfant j'avais, en mon âme enivrée,
    Rêvé ces bonheurs fous qui restent des désirs !
    C'était là... qu'une après-midi, dans une rue,
    Dont un soleil d'août, de sa lumière...

  • Oh ! pourquoi voyager ? as-tu dit. C'est que l'âme
    Se prend de longs ennuis et partout et toujours ;
    C'est qu'il est un désir, ardent comme une flamme,
    Qui, nos amours éteints, survit à nos amours !
    C'est qu'on est mal ici ! - Comme les hirondelles,
    Un vague instinct d'...

  • A***.

    Je vivais sans coeur, tu vivais sans flamme,
    Incomplets, mais faits pour un sort plus beau ;
    Tu pris de mes sens, - je pris de ton âme,
    Et tous deux ainsi nous nous partageâme :
    Mais c'est toi qui fis le meilleur cadeau !

    Oui ! c'est toi, merci...

  • Elle avait dix-neuf ans. Moi, treize. Elle était belle ;
    Moi, laid. Indifférente, - et moi je me tuais...
    Rêveur sombre et brûlant, je me tuais pour elle.
    Timide, concentré, fou, je m'exténuais...
    Mes yeux noirs et battus faisaient peur à ma mère ;
    Mon pâle front...

  • A Mademoiselle Louise Read.

    Un soir, j'étais debout, auprès d'une fenêtre...
    Contre la vitre en feu j'avais mon front songeur,
    Et je voyais, là-bas, lentement disparaître
    Un soleil embrumé qui mourait sans splendeur !
    C'était un vieux soleil des derniers soirs d...

  • Débouclez-les, vos longs cheveux de soie,
    Passez vos mains sur leurs touffes d'anneaux,
    Qui, réunis, empêchent qu'on ne voie
    Vos longs cils bruns qui font vos yeux si beaux !
    Lissez-les bien, puisque toutes pareilles
    Négligemment deux boucles retombant
    Roulent...