Je vivais sans coeur...

A***.

Je vivais sans coeur, tu vivais sans flamme,
Incomplets, mais faits pour un sort plus beau ;
Tu pris de mes sens, - je pris de ton âme,
Et tous deux ainsi nous nous partageâme :
Mais c'est toi qui fis le meilleur cadeau !

Oui ! c'est toi, merci... C'est toi, sainte femme,
Qui m'as fait sentir le profond amour...
Je mis de ma nuit dans ta blancheur d'âme,
Mais toi, dans la mienne, as mis le grand jour !

Je tombais, tombais... Cet ange fidèle
Qui suit les coeurs purs ne me suivait pas...
Pour me soutenir me manquait son aile...
Mais Dieu m'entr'ouvrit ton coeur et tes bras !

Et j'aime tes bras... tes bras mieux qu'une aile ;
Car une aile, hélas ! sert à nous quitter :
L'ange ailé s'en va, lorsque Dieu l'appelle...
Tandis que des bras servent à rester !

Collection: 
1827

More from Poet

  • A Clary.

    Tu ne sais pas, Clary, quand, heureuse, ravie,
    Tu me tends ton épaule et ton front tour à tour,
    Que dans la double coupe où je puise la vie
    Il est un autre goût que celui de l'amour...
    Ô ma chère Clary, tu ne sais pas sans doute
    Qu'il est derrière...

  • A la baronne H. de B.

    Nénuphars blancs, ô lys des eaux limpides,
    Neige montant du fond de leur azur,
    Qui, sommeillant sur vos tiges humides,
    Avez besoin, pour dormir, d'un lit pur ;
    Fleurs de pudeur, oui ! vous êtes trop fières
    Pour vous laisser cueillir......

  • Je pris pour maître, un jour, une rude Maîtresse,
    Plus fauve qu'un jaguar, plus rousse qu'un lion !
    Je l'aimais ardemment, - âprement, - sans tendresse,
    Avec possession plus qu'adoration !
    C'était ma rage, à moi ! la dernière folie
    Qui saisit, - quand, touché par l'...

  • A Mademoiselle Marthe Brandès.

    Te souviens-tu du soir, où près de la fenêtre
    Ouverte d'un salon plein de joyeux ébats,
    Tu n'avais pas seize ans... les avais-tu ?... Peut-être ?
    Sous le rideau tombé, nous nous parlions tout bas ?...
    Ce n'était pas l'amour que t'...

  • Ex imo.

    C'était dans la ville adorée,
    Sarcophage pour moi des premiers souvenirs,
    Où tout enfant j'avais, en mon âme enivrée,
    Rêvé ces bonheurs fous qui restent des désirs !
    C'était là... qu'une après-midi, dans une rue,
    Dont un soleil d'août, de sa lumière...