Vénus démasquée

Vénus non seulement me livre
Ses secrets, mais ceux de sa mère :
Jadis je regardais la mer
Comme regarderait les livres

Un enfant qui ne sait pas lire.
Vénus, sans l'aide d'une mère,
D'être venue aux cieux déments
Se vante. Il faut souffrir, déesse,

Qu'un simple élève vous démente.
M'apprendre à lire couramment
Les vagues de la mer qui sont
Maternelles rides d'un ventre,

Voilà bien de vos maladresses !
Et celle d'un naïf garçon
Est ma vengeance : pour le prix
De vos dangereuses leçons,

À me lire je vous appris.

Collection: 
1913

More from Poet

  • Après d'Avril la verte douche,
    Dans ton hamac, dans ton étoile,
    Au milieu du ciel tu te sèches.
    Recommence ! d'une fessée,
    Insolente, récompensée,

    Sous l'étoile des maraîchers,
    Leurs tombereaux de grosses roses
    Que par gourmandise l'on baise,
    ...

  • Il perd ses plumes perd ses larmes

    Comme un coeur se vide de larmes
    L'arrosoir a perdu ses plumes

    Éventail au soleil fané
    Loterie des mois des années
    Dans l'allée le sable s'enroue
    Où mon chagrin fera la roue

    Jardin faut-il que tu t'en ailles
    Et...

  • Cette rose qui meurt dans un vase d'argile
    Attriste mon regard,
    Elle paraît souffrir et son fardeau fragile
    Sera bientôt épars.

    Les pétales tombés dessinent sur la table
    Une couronne d'or,
    Et pourtant un parfum subtil et palpable
    Vient me troubler encor...

  • Bouquet de flammes (que délie
    Des faveurs l'innocent larcin)
    Où se noyer en compagnie
    Des colombes de la Saint Jean.

    De l'eau qui ne peut en son lit
    Obtenir la tranquillité,
    Et des feux oisifs qui s'ennuient
    Loin des lieux par Vénus hantés,

    ...

  • À Georges Auric

    Marronniers, ainsi que l'yeuse
    Quels arbres, ombrelles rieuses,
    Ne se déploieraient pour fêter
    Le retour du prodigue été !

    L'un nous ogre un feu d'artifice
    De plumes et de fleurs : orgie
    Digne de Noël, tes bougies
    Roses, d'autres...