Cependant le soleil fournissant sa journée
Voit son maître à la croix de tourments foisonné,
Ja prêt à rendre l'âme : il blêmit étonné,
Et volontiers sa course eût ailleurs détourné.
Il se fâche de voir sa tête environnée
D'un brillant diadème, et dit passionné :
Dois-je voir de rayons ma tête couronnée,
Voyant mon Créateur d'épines couronné ?
À ces mots il arrache avecque violence
Sa flambante couronne, et dépité l'élance
Dans les abîmes creux ; soudain le jour s'enfuit.
Ô comme tu sers bien, ô soleil, ce bon maître :
Tu fis naître un beau jour la nuit qui le vit naître,
Et ce jour qu'il se meurt tu fais naître une nuit.
(Sonnet LXV)