Et voile à nul souffle bercée

Et voile à nul souffle bercée,
S'enguidonne d'un beau ciel d'or
Le dimanche très en décor
Pour les femmes de mes pensées :

Et les femmes ont dépensé
Leur coeur tout devant les fenêtres
Et creusent, d'amour enlisées,
Jusqu'au pleur ce ciel des fenêtres.

Vierges d'attente et de martyre,
Au gril vert des persiennes lasses,
Dans les jardins des croisées basses,
Les femmes, jusqu'à se mourir,

Cristallisent rouge aux fenêtres
- Appeau naïvement enfant -
Leur coeur sous les tabliers blancs
Et tels des rideaux aux fenêtres.

Or, en vain, les femmes, amantes
D'aimer, se sentent infinies,
Leurs besognes sont définies,
Et, pauvre, leur coeur de servantes

Froidit, pour que se fassent blanches
Leurs mains, en très naïves grèves,
Dans la comédie bleue du rêve.
Or passent ainsi les dimanches.

Collection: 
1897

More from Poet

  • Le consul anglais
    Y met son drapeau,
    Le consul anglais
    Le jour de la Reine,

    De gais matelots
    Leur couteau au dos,
    Y passent farauds
    Toute la semaine,

    Jean le Hollandais
    Quand c'est mai y vient,
    Ses paniers aux mains,
    La vendre...

  • Paroisse du vent
    Et rue de la mer,
    Dans le matin clair
    D'embruns délavée,

    Dévote, marchande,
    Trafiquante et gaie
    Blanche de servantes
    Dès le jour monté,

    On y vend l'anchois,
    La sole et la raie,
    Et la plie au choix
    Ou vive, ou...

  • Or qu'il soit de vivre
    Comme il plaît à Dieu,
    Mais toi qui te livres
    Au tabac et veux

    Fumer Saint-Omer
    Ou Porto-Rico,
    Va chez Dame Claire
    Qui en a pleins pots.

    Puis Roisin aussi
    Et mis en paniers
    Tabac de Paris
    Qu'on fume aux...

  • Mais lors en son temps
    Brise qui se lève,
    Dès le matin blanc
    Dans le ciel monté,

    Puis dans l'air qui bouge
    Sa voix qui s'élève
    Quand vient le soir rouge
    Où le jour se tait,

    Ici sur les toits
    C'est le vent qui règne,
    Comme sang qui...

  • Puis c'est l'heure et du temps qui passent
    Un jour qui part, un jour qui vient,
    Pour à tout faire de la place
    Même à la peine ou au chagrin,

    Et yeux déjà qui portent larmes
    Pour le déboire qu'on attend,
    Et fierté ici qui désarme
    Lors plaie de coeur et...