D'un sommeil plus tranquille à mes Amours rêvant

D'un sommeil plus tranquille à mes Amours rêvant
J'éveille avant le jour mes yeux et ma pensée,
Et cette longue nuit si durement passée,
Je me trouve étonné de quoi je suis vivant.

Demi désespéré je jure en me levant
D'arracher cet objet à mon âme insensée,
Et soudain de ses voeux ma raison offensée
Se dédit et me laisse aussi fol que devant.

Je sais bien que la mort suit de près ma folie,
Mais je vois tant d'appas en ma mélancolie
Que mon esprit ne peut souffrir sa guérison.

Chacun à son plaisir doit gouverner son âme,
Mytridate autrefois a vécu de poison,
Les Lestrigons de sang, et moi je vis de flamme.

Collection: 
1608

More from Poet

  • Stances

    Je suis bien jeune encor, et la beauté que j'aime
    Est jeune comme moi.
    J'ai souvent désiré de lui parler moi-même
    Pour lui donner ma foi.

    J'obéis sans contrainte à l'amour qu'il me donne
    Quelque désir qu'il ait,
    Et sans lui résister mon âme s'...

  • L'Aurore sur le front du jour
    Seme l'azur, l'or et l'yvoire,
    Et le Soleil, lassé de boire,
    Commence son oblique tour.

    Ses chevaux, au sortir de l'onde,
    De flame et de clarté couverts,
    La bouche et les nasaux ouverts,
    Ronflent la lumiere du monde.

    ...
  • Stances

    Quand tu me vois baiser tes bras,
    Que tu poses nus sur tes draps,
    Bien plus blancs que le linge même,
    Quand tu sens ma brûlante main
    Se pourmener dessus ton sein,
    Tu sens bien, Cloris, que je t'aime.

    Comme un dévot devers les cieux,
    Mes...

  • Vous à qui des fraisches vallees
    Pour moy si durement gelees
    Ouvrent les fontaines de vers,
    Vous qui pouvez mettre en peinture
    Le grand object de l'Univers
    Et tous les traicts de la nature,

    Beaux esprits si chers à la gloire,
    Et sans qui l'oeil de la...

  • Élégie

    Proche de la saison où les plus vives fleurs
    Laissent évanouir leur âme et leurs couleurs,
    Un amant désolé, mélancolique et sombre,
    Jaloux de son chemin, de ses pas, de son ombre,
    Baisait aux bords de Loire en flattant son ennui,
    L'image de Caliste...