Neige endolorissante et morne, tu déroules
Ta nappe liliale au toit cher que je sais,
Neige endolorissante, ô neige qui t’écroules !
Et la maison vieillote aux carreaux verts cassés
A des airs de jeunesse et de pâle frileuse
Et ne se souvient plus des contes jacassés :
Des contes jacassés, au soir, par la fileuse,
En la cuisine antique où le pot noir chantait
Au rauque dévidoir sa chanson douce et creuse.
La chandelle en résine en un coin crépitait.
Près de la plaque en fer, les cris-cris aux cris grêles
S’enfuyaient dans la suie et le matou grondait.
Maintenant, dans le vieux salon, les herbes frêles,
Les avoines ornant les vases surannés,
Ne se souviennent plus des champs fauchés des grêles :
Et des plumes de paon, des bimbelots fanés,
Sont là qu’un bisaïeul rapporta de la Chine
D’où, jadis, bien des gens revinrent ruinés.
Comme alors un gros chat plie en arc son échine
Et cligne en grommelant de longs yeux mordorés
- Et miaule, et l’on voit une expression fine
En les blancs, solennels regards des hauts portraits.