Qui n'eut parmi ces jours, déjà bien loin peut-être,
Un jour plus beau qu'eux tous, qui ne doit plus renaître,
Mais qui survit dans l'âme et dont le souvenir,
Délice du passé, charme aussi l'avenir :
Jour d'innocente joie et pur de tout nuage,
Dont une amitié douce a marqué le passage ;
Où quelque aveu naïf et longtemps suspendu
D'une bouche adorée enfin fut entendu ;
Où d'un premier transport, qu'il n'eût point fallu croire,
Tout le cœur tressaillit et devina la gloire ?
Ah ! Quand d'un bras de fer le sort pèse sur nous,
Que de ce jour aimé le souvenir est doux !
Qu'il est doux d'éveiller au fond de sa pensée
Son image assoupie et jamais effacée,
Avec un soin jaloux d'en rassembler les traits,
Lentement, à loisir, non sans quelques regrets,
Comme après un sommeil dont l'erreur se prolonge,
On aime à suivre encor les prestiges d'un songe !
Un jour
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Ô maison du Moustoir ! combien de fois la nuit,
Ou quand j'erre le jour dans la foule et le bruit,
Tu m'apparais ! - Je vois les toits de ton village
Baignés à l'horizon dans des mers de feuillage,
Une grêle fumée au-dessus, dans un champ
Une femme de loin appelant... -
À Berthel.
Avec une jeune veuve,
Tendre encor, j'en ai la preuve,
Parlant breton et français
En causant de mille choses,
Par la bruyère aux fleurs roses,
Tout en causant je passais.C'était en juin, la chaleur était grande
Sur le sentier qui... -
Je crois l'entendre encor, quand, sa main, sur mon bras,
Autour des verts remparts nous allions pas à pas :
" Oui, quand tu pars, mon fils, oui, c'est un vide immense,
Un morne et froid désert, où la nuit recommence ;
Ma fidèle maison, le jardin, mes amours,
Tout... -
Ô mes frères, voici le beau temps des vacances !
Le mois d'août, appelé par dix mois d'espérances !
De bien loin votre aîné ; je ne puis oublier
Août et ses jeux riants ; alors, pauvre écolier,
Je veux voir mon pays, notre petit domaine ;
Et toujours le mois d'août... -
Écris-moi, mon ami, si devant ta faucille
Le seigle mûr de couleuvres fourmille ;
Dis-moi, brave Berthel, si les chiens altérés
Errent par bande aux montagnes d'Arréz.Hélas ! durant ce mois d'ardente canicule,
Tout fermente ; et partout un noir venin circule....