Par la nuit qui s’en va et nous fait voir encore
L’églantine qui rit sur le cœur de l’aurore ;
Par la cloche pascale à la voix en allée
Et qui, le Samedi-Saint, à toute volée,
Couvre d’alleluias la bouche des vallées :
Je vous salue, Marie.
Par le gravissement escarpé de l’ermite
Vers les sommets que les perdrix banches habitent,
Par les troupeaux escaladant l’aube du ciel
Pour se nourrir plus que de neige de miel,
Et l’ascension du glorieux soleil.
Je vous salue, Marie.
Par les feux pastoraux qui descendent, la nuit,
Sur le front des coteaux, ces apôtres qui prient ;
Par la flamme qui cuit le souper noir du pauvre ;
Par l’éclair dont l’Esprit allume comme un chaume,
Mais pour l’Éternité, le néant de chaque homme :
Je vous salue, Marie.
Par la vieille qui atteint, portant un faix de bois,
Le sommet de la route et l’ombre de la Croix,
Et que son plus beau fils viens aider dans sa peine ;
Par la colombe dont le vol à la lumière
Se fond si bien qu’il n’est bientôt qu’une prière :
Je vous salue, Marie.
Par la Reine qui n’eut d’autre Couronne
Que les astres, trésor d’une ineffable Aumône,
Et d’autre sceptre que le lys d’un vieux jardin ;
Par la vierge dont penche le front qui est ceint
Des roses des désirs que son amour atteint :
Je vous salue, Marie.