Malgré sa folle trahison
N’est-elle pas encor la même ?
La fierté n’est plus de saison.
Je l’aime.
*
Je sais qu’elle reste, malgré
D’impurs contacts, vierge éternelle,
Qu’aucun venin n’a pénétré
En elle,
Marbre trop charnel qui subit
Toutes souillures, mais les brave ;
Puisque la pluie, en une nuit,
Le lave.
*
Même au temps des premiers regards,
Je la savais vaine et perverse.
Mais l’âme aux menaçants hasards
Se berce.
Fermant les yeux, je me livrais
À sa suavité malsaine,
Pensant bien que j’en porterais
La peine.
*
Mordu, mourant, d’avoir serré
Sur ma poitrine la panthère,
J’en veux rester fier, et saurai
Me taire.
*
Ce mois d’avril, je veux bannir
De mon cœur les rêves moroses.
Je veux orner son souvenir
De roses.
*
Et je reprends la liberté
D’adorer sa grâce suprême.
Tel que j’étais je suis resté.
Je l’aime.