Armé du fouet vengeur, le Christ, en sa justice,
A chassé devant lui les vendeurs couronnés,
Et, brisant le veau d’or gorgé du sacrifice,
Il souffle sa colère aux peuples prosternés.
Que votre voix profonde
S’appelle et se réponde !
Debout, peuples du Christ, relevés sous sa loi !
Un jour, tout sera libre et Dieu seul sera roi !
Dieu créa l’univers, Christ a fait l’Evangile ;
C’est la charte du ciel et de l’humanité.
Soldats dont les drapeaux flottent de ville en ville,
Pauvres enfants, bourreaux de la maternité,
Que votre voix profonde
S’appelle et se réponde !
Chantez, soldats du Christ, ralliés sous sa loi !
Un jour, tout sera libre et Dieu seul sera roi !
France, par tes enfants grâces te soient rendues !
Leurs berceaux dormiront ombragés d’oliviers ;
La faim ne fera plus de mères éperdues
Sous les débris croulants de tes humbles foyers.
La prière profonde
Monte au Sauveur du monde,
Et la femme chrétienne a tant prié pour toi,
Qu’un jour, tout sera libre et Dieu seul sera roi !
Lève-toi, sœur lointaine, Irlande agenouillée !
Le ciel a pris parti pour tes longues douleurs.
Ta tête qui fléchit, pâle et de sang mouillée,
Reprendra sa beauté sous d’immortelles fleurs.
Ta misère profonde
A fait pleurer le monde,
Mais le maître du monde a dit aussi pour toi :
« Un jour, tout sera libre et Dieu seul sera roi ! »
Et toi, spectre adoré ! spectre errant et sublime,
Echappé tout sanglant et meurtri de tes fers,
Quand tu laissas tes morts et ta dépouille au crime,
Pologne ! à ton exil Christ ouvrit l’univers.
Ta tristesse profonde
Est le remords du monde ;
Pardonne, ô fils du Christ, éclairé dans sa loi !
Un jour, tout sera libre et Dieu seul sera roi !
Liberté ! sur la terre ouvre ton aile immense.
Avec les fruits vivants, les fruits délicieux
De ton règne attendu dont l’éclat recommence,
Liberté, ne va plus t’en retourner aux cieux !
Ta lumière féconde
Est le foyer du monde ;
Ainsi nous l’ont crié ceux qui mouraient pour toi :
Un jour, tout sera libre et Dieu seul sera roi !