Les Oiseaux de proie

Je m’étais assis sur la cime antique
Et la vierge neige, en face des Dieux ;
Je voyais monter dans l’air pacifique
La procession des morts glorieux.
La terre exhalait le divin cantique
Que n’écoute plus le siècle oublieux,
Et la chaîne d’or du Zeus homérique
D’anneaux en anneaux l’unissait aux cieux.
Mais, ô passions, noirs oiseaux de proie,
Vous avez troublé mon rêve et ma joie :
Je tombe du ciel, et n’en puis mourir !
Vos ongles sanglants ont dans mes chairs vives
Enfoncé l’angoisse avec le désir,
Et vous m’avez dit : — Il faut que tu vives ! —

Collection: 
1886

More from Poet


  • ...

  •  
    LE THÉRAPEUTE.

    O sainte et vieille Égypte, empire radieux,
    Impénétrable temple où se cachaient les dieux,
    O terre d'Osiris, ô reine des contrées,
    Heureux qui vit le jour dans tes plaines sacrées !
    Bienheureux l'étranger ! — Vînt-il des bords aimés
    Où...

  •  

    Certes, ce monde est vieux, presque autant que l’enfer.
    Bien des siècles sont morts depuis que l’homme pleure
    Et qu’un âpre désir nous consume et nous leurre,
    Plus ardent que le feu sans fin et plus amer.

    Le mal est de trop vivre, et la mort est...

  • Ô mon Seigneur Christus ! hors du monde charnel
    Vous m’avez envoyé vers les neuf maisons noires :
    Je me suis enfoncé dans les antres de Hel.

    Dans la nuit sans aurore où grincent les mâchoires,
    Quand j’y songe, la peur aux entrailles me mord !
    J’ai vu lâ...

  • Tandis qu’enveloppé des ténèbres premières,
    Brahma cherchait en soi l’origine et la fin,
    La Mâyâ le couvrit de son réseau divin,
    Et son cœur sombre et...