A quatre, un gigot de six livres,
Chacun trois litres, c'est gentil.
Mais nous ne sommes pas ivres.
Nous, ivres ?
Qui le dit a menti. (bis)
Tout en cassant une croûte,
Le dernier broc a sauté ;
Et maintenant nul ne doute
De notre capacité.
Si ma langue est babillarde,
C'est qu'en versant l'argenteuil,
J'en ai reçu, par mégarde,
Deux ou trois gouttes dans l'œil.
A quatre, un gigot de six livres,
Chacun trois litres, c'est gentil.
Mais nous ne sommes pas ivres.
Nous, ivres ?
Qui le dit a menti.
Tenons-nous bien sous l'aisselle :
Le chemin nous semble étroit.
Bah ! c'est le sol qui chancelle.
Et c'est nous qui marchons droit.
Pour nous le char de la vie
Brave talus et ravin :
Nous graissons, quand il dévie.
Sa roue avec du bon vin.
A quatre, un gigot de six livres,
Chacun trois litres, c'est gentil.
Mais nous ne sommes pas ivres.
Nous, ivres ?
Qui le dit a menti.
Que va dire la bourgeoise ?
Elle a d'avance apprêté.
Bien loin de nous chercher noise,
Notre pardon et du thé,
Elle est faite pour attendre :
Après qu'elle a bien veillé,
La femme devient plus tendre,
Quand l'homme est un peu mouillé.
A quatre, un gigot de six livres,
Chacun trois litres, c'est gentil.
Mais nous ne sommes pas ivres.
Nous, ivres ?
Qui le dit a menti.
Ce gueux d'ail, ça vous altère ;
Tout prêt à recommencer,
Me voilà propriétaire
D'une soif il tout casser.
Que la noce soit complète !
Demain chaque compagnon
Reprend du poil de la bête,
Après la soupe à l'oignon.
A quatre, un gigot de six livres,
Chacun trois litres, c'est gentil.
Mais nous ne sommes pas ivres.
Nous, ivres ?
Qui le dit a menti. (bis)