Le Moulin de Milly

 
Le chaume et la mousse
Verdissent le toit ;
La colombe y glousse,
L'hirondelle y boit ;
Le bras d'un platane
Et le lierre épais
Couvrent la cabane
D'une ombre de paix.

Ma sœur, que de charmes !...
Et devant cela
Tu n'as que des larmes ?
— Ah ! s'il était là !...

Une verte pente
Trace les sentiers
Du flot qui serpente
Sous les noisetiers ;
L'écluse champêtre
L'arrête au niveau,
Et de la fenêtre
La main touche l'eau.

Ma sœur, que de charmes !...
Et devant cela
Tu n'as que des larmes ?
— Ah ! s'il était là !...

Le soir, qui s'épanche
D'en haut sur les prés,
Du coteau qui penche
Descend par degrés ;
Sur le vert plus sombre,
Chaque arbre à son tour
Couche sa grande ombre
A la fin du jour.

Ma sœur, que de charmes !...
Et devant cela
Tu n'as que des larmes ?
— Ah ! s'il était là !...

De sa sombre base,
Le blanc peuplier
Elève son vase
Au ciel sans plier ;
De sa flèche il plonge
Dans l'éther bruni,
Comme un divin songe
Monte à l'Infini.

Ma sœur, que de charmes !...
Et devant cela
Tu n'as que des larmes ?
— Ah ! s'il était là !...

La rosée en pluie
Brille à tout rameau ;
Le rayon essuie
La poussière d'eau ;
Le vent, qui secoue
Les vergers flottants,
Fait sur notre joue
Neiger le printemps.

Ma sœur, que de charmes !...
Et devant cela
Tu n'as que des larmes ?
— Ah ! s'il était là !...

Sous la feuille morte
Le brun rossignol
Niche vers la porte,
Au niveau du sol ;
L'enfant qui se penche
Voit dans le jasmin
Ses œufs sur la branche,
Et retient sa main.

Ma sœur, que de charmes !...
Et devant cela
Tu n'as que des larmes ?
— Ah ! s'il était là !...

L'onde qui s'élance,
Égale et sans fin,
Fait battre en cadence
Le pont du moulin ;
A chaque mesure
On croit écouter
Sous cette nature
Un cœur palpiter.

Ma sœur, que de charmes !...
Et devant cela
Tu n'as que des larmes ?
— Ah ! s'il était là !...

Monceau, Ier juin 1845.

 
Le chaume et la mousse
Verdissent le toit ;
La colombe y glousse,
L'hirondelle y boit ;
Le bras d'un platane
Et le lierre épais
Couvrent la cabane
D'une ombre de paix.

Ma sœur, que de charmes !...
Et devant cela
Tu n'as que des larmes ?
— Ah ! s'il était là !...

Une verte pente
Trace les sentiers
Du flot qui serpente
Sous les noisetiers ;
L'écluse champêtre
L'arrête au niveau,
Et de la fenêtre
La main touche l'eau.

Ma sœur, que de charmes !...
Et devant cela
Tu n'as que des larmes ?
— Ah ! s'il était là !...

Le soir, qui s'épanche
D'en haut sur les prés,
Du coteau qui penche
Descend par degrés ;
Sur le vert plus sombre,
Chaque arbre à son tour
Couche sa grande ombre
A la fin du jour.

Ma sœur, que de charmes !...
Et devant cela
Tu n'as que des larmes ?
— Ah ! s'il était là !...

De sa sombre base,
Le blanc peuplier
Elève son vase
Au ciel sans plier ;
De sa flèche il plonge
Dans l'éther bruni,
Comme un divin songe
Monte à l'Infini.

Ma sœur, que de charmes !...
Et devant cela
Tu n'as que des larmes ?
— Ah ! s'il était là !...

La rosée en pluie
Brille à tout rameau ;
Le rayon essuie
La poussière d'eau ;
Le vent, qui secoue
Les vergers flottants,
Fait sur notre joue
Neiger le printemps.

Ma sœur, que de charmes !...
Et devant cela
Tu n'as que des larmes ?
— Ah ! s'il était là !...

Sous la feuille morte
Le brun rossignol
Niche vers la porte,
Au niveau du sol ;
L'enfant qui se penche
Voit dans le jasmin
Ses œufs sur la branche,
Et retient sa main.

Ma sœur, que de charmes !...
Et devant cela
Tu n'as que des larmes ?
— Ah ! s'il était là !...

L'onde qui s'élance,
Égale et sans fin,
Fait battre en cadence
Le pont du moulin ;
A chaque mesure
On croit écouter
Sous cette nature
Un cœur palpiter.

Ma sœur, que de charmes !...
Et devant cela
Tu n'as que des larmes ?
— Ah ! s'il était là !...

Collection: 
1810

More from Poet

  • Sur les ruines de Rome.

    Un jour, seul dans le Colisée,
    Ruine de l?orgueil romain,
    Sur l?herbe de sang arrosée
    Je m?assis, Tacite à la main.

    Je lisais les crimes de Rome,
    Et l?empire à l?encan vendu,
    Et, pour élever un seul homme,
    L?univers si bas...

  • Ainsi, quand l'aigle du tonnerre
    Enlevait Ganymède aux cieux,
    L'enfant, s'attachant à la terre,
    Luttait contre l'oiseau des dieux;
    Mais entre ses serres rapides
    L'aigle pressant ses flancs timides,
    L'arrachait aux champs paternels ;
    Et, sourd à la voix...

  • (A un poète exilé)

    Généreux favoris des filles de mémoire,
    Deux sentiers différents devant vous vont s'ouvrir :
    L'un conduit au bonheur, l'autre mène à la gloire ;
    Mortels, il faut choisir.

    Ton sort, ô Manoel, suivit la loi commune ;
    La muse t'enivra de...

  • A Mme de P***.
    Il est pour la pensée une heure... une heure sainte,
    Alors que, s'enfuyant de la céleste enceinte,
    De l'absence du jour pour consoler les cieux,
    Le crépuscule aux monts prolonge ses adieux.
    On voit à l'horizon sa lueur incertaine,
    Comme les...

  • C'est une nuit d'été ; nuit dont les vastes ailes
    Font jaillir dans l'azur des milliers d'étincelles ;
    Qui, ravivant le ciel comme un miroir terni,
    Permet à l'oeil charmé d'en sonder l'infini ;
    Nuit où le firmament, dépouillé de nuages,
    De ce livre de feu rouvre...