Les deux Caps éternels, par différentes voies,
Vers les secrets divins élèvent la pensée.
L’un, comme un escalier somptueux et royal,
Offre ses trois degrés qu’une forêt touffue
Recouvre d’un tapis velouté de sinople.
Aussi la Trinité, par les degrés du rêve,
Facilite au croyant l’ascension du ciel,
Convie à la splendeur des extases divines
L’âme qui, dans la foi naïve de l’enfance,
Se contente d’aimer et ne cherche à comprendre.
L’autre, surgi du noir, monte tout droit aux nues,
Rappelant la raison du superbe penseur
Qui cherche à prouver Dieu par la philosophie.
Tous vos raisonnements, ô jongleurs de mots vides,
Augmentent son secret insondable et terrible,
Et l’éloignent encor de notre entendement !...
La raison des savants nous Le fait pressentir
Adorable en Son ciel de mystère et d’étoiles,
Mais plus nous le cherchons au texte des gros livres,
Plus notre esprit se perd dans le néant de l’homme.
La raison des savants nous fait désespérer
De Le pouvoir jamais comprendre en cette vie.
« Bienheureux, dit Jésus, ceux qui croiront, sans voir. »
Aimons donc, et rêvons, et croyons sans comprendre !
Le cœur simple et naïf d’un enfant en prière
S’embrase aux doux rayons des lumières célestes,
Et le grand front ridé du chercheur d’infini
S’incline tristement vers l’ombre douloureuse ;
Plus vaste et plus subtile est notre intelligence,
Plus noirs s’ouvrent pour nous les abîmes de Dieu !