Je n’ose

 
Je veux te dire une chose
Si tu pouvais m’écouter!
Tu m’écoutes ... mais je n’ose
Non, je n’ose te parler.
Je te sais bonne et très douce :
Mais je te crains malgré moi.
L’oiseau tremble dans la mousse
Et je tremble devant toi.

J’ai bien des choses à dire
Mais je ne peux pas, j’ai peur...
Je te vois déjà sourire
Et ton sourire est moqueur.
Ta bouche est comme une rose...
Tu vas te railler de moi
Je suis si gauche et je n’ose
Lever les yeux devant toi !

Ton port est un port de reine
Ton regard est imposant
Alors, tu comprends sans peine
Pourquoi je t’admire tant
Je te voudrais souveraine
Et moi je serais ton roi
Même étant sûr de ta haine
J’aimerais mourir pour toi.

Je suis bête, c’est possible
Pourtant, je sais bien aimer
Mon cœur n’est pas insensible
Mais je ne puis m’exprimer
Ah ! si je savais te dire
L’amour que je sens pour toi
Non, tu ne voudrais plus rire
Et tu n’aimerais que moi.

Collection: 
1889

More from Poet

  •  
    C’était la nuit. L’oiseau se taisait dans les branches
    Et la lune mettait de grandes nappes blanches
    Sur l’inculte pavé de notre vieille cour.
    Les murs gris découpaient leur silhouette sombre
    Sur le ciel qu’éclairait des étoiles sans nombre.
    Et cette nuit...

  •  
    Tiens ! il a passé tout à l’heure
    L’œil farouche, le front baissé
    Il n’a point souri, et je pleure...
    Ah ! pourquoi donc a-t-il passé ?

    Il m’en veut, il est en colère :
    Son cœur pour moi s’est-il glacé ?
    Je n’ai rien fait pour lui déplaire
    Ah !...

  •  
    Ne me défends pas de pleurer
    Si j’ai le don des larmes
    Pleurer, déjà c’est espérer
    C’est avoir moins de larmes !

    Ne sais-tu donc pas que les pleurs
    Sont à l’âme brisée
    Ce qu’est à de mourantes fleurs
    Une fraîche rosée ?

    C’est un dernier...

  •  
    Je veux te dire une chose
    Si tu pouvais m’écouter!
    Tu m’écoutes ... mais je n’ose
    Non, je n’ose te parler.
    Je te sais bonne et très douce :
    Mais je te crains malgré moi.
    L’oiseau tremble dans la mousse
    Et je tremble devant toi.

    J’ai bien...

  •  
    C’est un mignon jouet du siècle des marquises,
    Son brin d’ivoire est d’or et d’agate incrusté,
    Et sa feuille de gaze aux peintures exquises
    Sur un beau sein d’albâtre a souvent palpité.

    Boucher, peintre mignard de ces grâces légères,
    Sur l’azur diaphane a...