1
Je raccommode les fontaines,
Je vends par jour maintes douzaines
De robinets ;
Doué des talents les plus rares,
Je sonne aussi force fanfares
Sur deux cornets.
Refrain :
Entendez-vous ma ritournelle
Voyez comment je patine un piston ;
Ohé ! — me voilà, qui m'appelle ?
Des fontainiers c'est à moi le pompon.
2
Je pose de fortes cannelles
Qui coulent comme des pucelles,
Raide, à plein bord ;
Elles ont même un avantage,
C'est de s'agrandir à l'usage
Un peu moins fort.
Refrain
3
Si par une faute maudite,
Quelquefois votre eau prend la fuite.
J'ai du ciment ;
Je peux réparer l'avarie ;
Plus d'une fille qu'on marie
En fait autant.
Refrain
4
Je possède dans ma boutique
De quoi contenter la pratique
Sur tous les points ;
Car j'ai des clefs de tout calibre,
Et pas un trou ne reste libre
Entre les joints.
Refrain
5
J'en vends aussi qui, par mystère,
N'ouvrent qu'à leur propriétaire
Un fonds discret ;
Combien de maris, bonnes âmes,
Voudraient posséder pour leurs femmes
Pareil secret !
Refrain
Jamais mes filtres ne pourrissent,
Car dans la fontaine ils durcissent
Comme un caillou ;
Des hommes c'est tout le contraire,
Puisque plus on mouille à Cythère
Plus on est mou.
Refrain
Mesdames, la chose est certaine,
Jamais le trou d'une fontaine
N'est trop étroit ;
Or, si vos filtres infidèles
Ont besoin de grosses cannelles,
Appelez-moi.
Refrain