les vers et les galants écrits
ne sont pas de cette province,
et dans les lieux où tout est prince
il est très-peu de beaux esprits.
Jean Rousseau, banni de Paris,
vit émousser dans ce pays
le tranchant aigu de sa pince ;
et sa muse, qui toujours grince,
et qui fuit les jeux et les ris,
devint ici grossière et mince.
Comment vouliez-vous que je tinsse
contre ces frimas épaissis ?
Vouliez-vous que je redevinsse
ce que j’étais quand je suivis
les traces du pasteur du Mince,
et que je chantai les henris ?
Apollon la tête me rince ;
il s’aperçoit que je vieillis.
Il voulut qu’en lisant Leibnitz
de plus rimailler je m’abstinsse ;
il le voulut, et j’obéis :
auriez-vous cru que j’y parvinsse ?
Épître 61
More from Poet
-
<2>
La dernière est une des plus jolies qu'on ait faites : c'est Laïs sur le retour, consacrant son miroir dans le temple de Vénus, avec ces vers :
Je le donne à Vénus, puisqu'elle est toujours belle :
Il redouble trop mes ennuis.
Je ne saurais me voir en ce... -
Tu veux donc, belle Uranie,
Qu'érigé par ton ordre en Lucrèce nouveau,
Devant toi, d'une main hardie,
Aux superstitions j'arrache le bandeau;
Que j'expose à tes yeux le dangereux tableau
Des mensonges sacrés dont la terre est remplie,
Et que ma philosophie... -
O malheureux mortels ! ô terre déplorable !
O de tous les mortels assemblage effroyable !
D’inutiles douleurs, éternel entretien !
Philosophes trompés qui criez : « Tout est bien » ;
Accourez, contemplez ces ruines affreuses,
Ces débris, ces lambeaux, ces... -
Regrettera qui veut le bon vieux temps,
Et l’âge d’or, et le règne d’Astrée,
Et les beaux jours de Saturne et de Rhée,
Et le jardin de nos premiers parents ;
Moi, je rends grâce à la nature sage
Qui, pour mon bien, m’a fait naître en cet âge
Tant... -
Sur les bords fortunés de l'antique Idalie,
Lieux où finit l'Europe et commence l'Asie,
S'élève un vieux palais respecté par les temps :
La Nature en posa les premiers fondements ;
Et l'art, ornant depuis sa simple architecture,
Par ses travaux hardis surpassa la...