À la mémoire de Georges Farcy

 
Oui ! toujours j'enviai, Farcy, de te connaître,
Toi, que si jeune encore on citait comme un maître,
Cœur tendre, qui d'un souffle, hélas ! T'intimidais,
Attentif à cacher l'or pur que tu gardais !
Un soir, en nous parlant de Naple et de ses grèves,
Beaux pays enchantés où se plaisaient tes rêves,
Ta bouche eut un instant la douceur de Platon ;
Tes amis souriaient, lorsque, changeant de ton,
Tu devins brusque et sombre, et te mordis la lèvre,
Fantasque, impatient, rétif comme la chèvre !
Ainsi tu te plaisais à secouer la main
Qui venait sur ton front essuyer ton chagrin.
Que dire ? Le linceul aujourd'hui te recouvre ;
Et, j'en ai peur, c'est lui que tu cherchais au Louvre.
Paix à toi, noble cœur ! Ici tu fus pleuré
Par un ami bien vrai, de toi-même ignoré ;
Là-haut, réjouis-toi ! Platon parmi les ombres
Te dit le verbe pur, Pythagore, les nombres.

Collection: 
1826

More from Poet

  • Ô maison du Moustoir ! combien de fois la nuit,
    Ou quand j'erre le jour dans la foule et le bruit,
    Tu m'apparais ! - Je vois les toits de ton village
    Baignés à l'horizon dans des mers de feuillage,
    Une grêle fumée au-dessus, dans un champ
    Une femme de loin appelant...

  • À Berthel.

    Avec une jeune veuve,
    Tendre encor, j'en ai la preuve,
    Parlant breton et français
    En causant de mille choses,
    Par la bruyère aux fleurs roses,
    Tout en causant je passais.

    C'était en juin, la chaleur était grande
    Sur le sentier qui...

  • Je crois l'entendre encor, quand, sa main, sur mon bras,
    Autour des verts remparts nous allions pas à pas :
    " Oui, quand tu pars, mon fils, oui, c'est un vide immense,
    Un morne et froid désert, où la nuit recommence ;
    Ma fidèle maison, le jardin, mes amours,
    Tout...

  • Ô mes frères, voici le beau temps des vacances !
    Le mois d'août, appelé par dix mois d'espérances !
    De bien loin votre aîné ; je ne puis oublier
    Août et ses jeux riants ; alors, pauvre écolier,
    Je veux voir mon pays, notre petit domaine ;
    Et toujours le mois d'août...

  • Écris-moi, mon ami, si devant ta faucille
    Le seigle mûr de couleuvres fourmille ;
    Dis-moi, brave Berthel, si les chiens altérés
    Errent par bande aux montagnes d'Arréz.

    Hélas ! durant ce mois d'ardente canicule,
    Tout fermente ; et partout un noir venin circule....