Yen a qui font la mauvais’ tête
Au régiment ;
I’s tir’ au cul, i’s font la bête
Inutil’ment ;
Quand i’s veul’nt pus fair’ l’exercice
Et tout l’fourbi,
On les envoi’ fair’ leur service
A Biribi.
A Biribi c’est en Afrique
Où que l’pus fort
Est obligé d’poser sa chique
Et d’fair’ le mort ;
Où que l’pus malin désespère
De fair’ chibi,
Car on peut jamais s’fair’ la paire,
A Biribi.
A Biribi c’est là qu’on marche,
Faut pas flancher ;
Quand l’chaouch crie : « En avant marche ! »
I’ faut marcher,
Et quand on veut fair’ des épates,
C’est peau d’zébi :
On vous fout les fers aux quat’ pattes,
A Biribi.
A Biribi c’est là qu’on crêve
De soif et d’faim,
C’est là qu’i’ faut marner sans trêve
Jusqu’à la fin !...
Le soir on pense à la famille,
Sous le gourbi…
On pleure encor’ quand on roupille,
A Biribi.
A Biribi c’est là qu’on râle,
On râle en rut,
La nuit on entend hurler l’mâle
Qu’aurait pas cru
Qu’un jour i’ s’rait forcé d’connaître
Mam’zell’ Bibi,
Car tôt ou tard il faut en être,
A Biribi.
On est sauvag’, lâche et féroce,
Quand on en r’vient…
Si par hasard on fait un gosse,
On se souvient…
On aim’rait mieux, quand on s’rappelle
C’qu’on a subi,
Voir son enfant à la Nouvelle
Qu’à Biribi.