Muzain

Tu es le rien, fortune : et si es toute chose,
Rien, parce que de rien toutes choses se font,
Tout, parce que dans toi les choses se défont ;
Bref, tu es tout et rien, et leur métamorphose :

Mais ce n'est pas par toi que j'aime ces beaux yeux,
Qui me vont tempêtant sur un ardent Neptune :
Si j'aimais par hasard, le sort audacieux
Éteindrait quelquefois mon feu pernicieux :
Puisqu'il est immortel, ce n'est pas par fortune.

Collection: 
1588

More from Poet

  • Ô Dieu qui vois ceste rouë execrable,
    Horrible object de ton juste courroux,
    Qui vois mon corps rompu de tant de coups,
    Chasse de moi ton ire espouvantable.

    Mes os brisez sous la barre effroyable,
    Ma chair mollie et tous mes nerfs dissous,
    Mes bras pendans et...

  • Ce n'est pas le trépas, c'est un très doux sommeil
    Qui bannit peu à peu l'éclair de ma paupière,
    Adieu ; je vais jouir d'une douce lumière,
    Attendant que ce corps s'anime de réveil.

    Ami, ne pleure plus, ton amour non pareil
    Recevra sa couronne au bout de la...

  • Voz yeux plus prompts qu'esclairs, plus subtils que la foudre,
    Plus beaux que le Soleil, plus parfaits que les Cieux :
    Plus forts que la nature, et plus grands que les Dieux,
    Sont les buchers ardents qui me mettent en poudre :

    Or pouldre de voz yeux vous me verrez...

  • Ores que je suis mort, je vai, je viens, je vire,
    Et quand j'estoi vivant j'arrestoi aux desers,
    Je peuploi les rochers, or' je peuple les mers,
    Je portoi fruict sans vie, ores mon fruict respire.

    Le Ciel me tempestoit, or l'onde me martire,
    Ma mere m'assit droict...

  • Le baiser en l'Amour est l'octave en Musique,
    Vous en avez prins un, et vous en voulez deux ;
    Pourquoy enervez-vous les accords amoureux,
    C'est pecher, disiez-vous, contre la Theorique.

    Non je ne baise point qu'en pure Arithmetique,
    Respondis-je soudain, deux...