L'extase d'un baiser

Au point que j'expirais, tu m'as rendu le jour
Baiser, dont jusqu'au coeur le sentiment me touche,
Enfant délicieux de la plus belle bouche
Qui jamais prononça les Oracles d'Amour.

Mais tout mon sang s'altère, une brûlante fièvre
Me ravit la couleur et m'ôte la raison ;
Cieux ! j'ai pris à la fois sur cette belle lèvre
D'un céleste Nectar et d'un mortel poison.

Ah ! mon Ame s'envole en ce transport de joie !
Ce gage de salut, dans la tombe m'envoie ;
C'est fait ! je n'en puis plus, Élise je me meurs.

Ce baiser est un sceau par qui ma vie est close :
Et comme on peut trouver un serpent sous des fleurs,
J'ai rencontré ma mort sur un bouton de rose.

Collection: 
1621

More from Poet

  • Séjour mélancolique, où les ombres dolentes
    Se plaignent chaque nuit de leur adversité
    Et murmurent toujours de la nécessité
    Qui les contraint d'errer par les tombes relantes,

    Ossements entassés, et vous, pierres parlantes
    Qui conservez les noms à la postérité,...

  • Puisque votre Parent ne s'est peu dispensé
    De servir de victime au Démon de la guerre :
    C'est, ô belle Idalie, une erreur de penser
    Que les plus beaux Lauriers soient exempts du tonnerre.

    Si la Mort connaissait le prix de la valeur
    Ou se laissait surprendre aux...

  • Cette nuit en dormant d'un somme inquiété,
    J'ai toujours combattu de tristes rêveries,
    La clarté d'un tison dans une obscurité
    M'a fait à l'impourvu paraître des Furies.

    Près de moi la Discorde, et l'Infidélité
    Montraient leur violence en mille barbaries,
    Et...

  • fait en relief, de la main de Michel-Ange

    Ce n'est ni marbre, ni porphyre,
    Que le corps de ce beau chasseur,
    Dont l'haleine d'un mol zéphyre
    Évente les cheveux avec tant de douceur.
    En cette divine sculpture,

    On voit tout ce que la nature
    Put jamais...

  • Aux rayons du soleil, le paon audacieux,
    Cet avril animé, ce firmament volage,
    Étale avec orgueil en son riche plumage
    Et les fleurs du printemps, et les astres des cieux.

    Mais comme il fait le vain sous cet arc gracieux
    Qui nous forme d'Iris une nouvelle image,...