Pour atteindre aux sommets dont la hauteur accable
Il faut que le pied saigne aux angles du rocher ;
Les dieux aiment le sang. Rien ne les peut toucher
Que le supplice offert du juste ou du coupable.
C’est la rigide loi du monde périssable.
Quand l’homme, un jour, du ciel voulut se rapprocher,
L’holocauste sanglant fuma sur le bûcher,
Et l’odeur en monta vers la nue implacable.
Nous n’avons plus de dieux, plus d’expiations ;
Mais dans nos cœurs en proie aux sombres passions
L’amère volupté de souffrir reste encore ;
Et je voudrais, victime et sacrificateur,
Répandant à tes pieds amour, haine et douleur,
Baigner de tout mon sang l’autel où je t’adore !