Le Sacrifice

Pour atteindre aux sommets dont la hauteur accable
Il faut que le pied saigne aux angles du rocher ;
Les dieux aiment le sang. Rien ne les peut toucher
Que le supplice offert du juste ou du coupable.

C’est la rigide loi du monde périssable.
Quand l’homme, un jour, du ciel voulut se rapprocher,
L’holocauste sanglant fuma sur le bûcher,
Et l’odeur en monta vers la nue implacable.

Nous n’avons plus de dieux, plus d’expiations ;
Mais dans nos cœurs en proie aux sombres passions
L’amère volupté de souffrir reste encore ;

Et je voudrais, victime et sacrificateur,
Répandant à tes pieds amour, haine et douleur,
Baigner de tout mon sang l’autel où je t’adore !

Collection: 
1855

More from Poet


...

 
LE THÉRAPEUTE.

O sainte et vieille Égypte, empire radieux,
Impénétrable temple où se cachaient les dieux,
O terre d'Osiris, ô reine des contrées,
Heureux qui vit le jour dans tes plaines sacrées !
Bienheureux l'étranger ! — Vînt-il des bords aimés
Où...

 

Certes, ce monde est vieux, presque autant que l’enfer.
Bien des siècles sont morts depuis que l’homme pleure
Et qu’un âpre désir nous consume et nous leurre,
Plus ardent que le feu sans fin et plus amer.

Le mal est de trop vivre, et la mort est...

Ô mon Seigneur Christus ! hors du monde charnel
Vous m’avez envoyé vers les neuf maisons noires :
Je me suis enfoncé dans les antres de Hel.

Dans la nuit sans aurore où grincent les mâchoires,
Quand j’y songe, la peur aux entrailles me mord !
J’ai vu lâ...

Tandis qu’enveloppé des ténèbres premières,
Brahma cherchait en soi l’origine et la fin,
La Mâyâ le couvrit de son réseau divin,
Et son cœur sombre et...