Chanter, c’est servir Dieu ; c’est animer son frère
Dans l’exil et la lutte. — Adorer, contempler,
C’est faire ce que font les élus dans la sphère,
Où notre âme affranchie un jour doit s’envoler.
Le repos est fertile à qui dort dans le temple,
A qui médite en paix sous l’aile du Seigneur ;
Le repos est fertile à qui veille et contemple,
Dans l’ombre où vient pleurer l’Ange de la douleur !
Le repos est fertile à qui prie et se voile,
Dans ce siècle de bruit, de tumulte et d’éclat ;
A qui brille à l’écart, comme une chaste étoile,
Sauvé de son atteinte et de son souffle ingrat !
Dans ce siècle agité, le repos est fertile
A qui s’endort en paix sous l’aile du Seigneur ;
A qui puise l’amour au céleste Evangile,
Dans l’ombre où vient pleurer l’Ange de la douleur !
Le repos est fertile à qui s’isole et prie ;
A qui jeûne au désert, à qui souffre à l’écart ;
Le repos dans l’amour, c’est la part de Marie,
Et la part de Marie est la meilleure part !
Le repos est fertile.... et cependant, qu’entends-je ?
Un reproche du monde, aveugle et sans merci ;
Un reproche insultant, dont s’étonne mon Ange,
Comme si de son front l’astre était obscurci !
Un reproche qui vient troubler la solitude,
Où j’achève sans bruit mon Poème sacré,
Où dans l’ardent repos, la prière et l’étude,
A cette œuvre d’amour je me suis préparé !
O monde accusateur ! apprends à me connaître ;
Avant de m’accuser, interroge mes pleurs ;
En mon asile étroit que ton regard pénètre ;
Qu’il contemple les fruits, éclos de mes douleurs !
Chanter, c’est servir Dieu ; c’est animer son frère
Dans l’exil et la lutte. — Adorer, contempler,
C’est faire ce que font les élus dans la sphère,
Où notre âme affranchie un jour doit s’envoler !