Le Parnasse contemporain/1876/Lanjuinais

Pareil à ces men-hir qu’aiment les clairs de lune,
Lanjuinais est un dur combattant ; la tribune
Tressaille sous son poids impérieux ; Danton
Estime les assauts de ce rude Breton
Et les coups de bélier que lance cette tête ;
La mêlée effrayante est sa vie et sa fête.
Autour de lui, combat des Trente, tu renais
Par les grands jours d’orage où parle Lanjuinais !
Sa parole a bondi : jacobin, royaliste,
Malheur à qui subit cette forte baliste.
Sans doute la Montagne est faite d’un granit
Robuste et qu’un ciment surhumain réunit,

Et pourtant la Montagne indomptable est troublée
De ces ébranlements dont tremble une assemblée,
Et se lève parfois dans un élan soudain
Contre cet immuable et solide dédain.
Demandez à l’écueil s’il a peur de la houle !
La Crète se détache impétueuse et roule
Vers la tribune hostile et veut en arracher
Le Celte qui tient bon comme tient un rocher,
Et par moments secoue et rejette éperdue
La grappe d’assaillants à son corps suspendue.
Seul Legendre parfois fait bouger ce Titan
Par un prodigieux et douloureux ahan,
Tel qu’en peut élancer dans ses franches furies
Le héros turbulent des rouges boucheries :
Mais l’autre s’affermit tranquille et souverain…
Car Legendre est de chair et Lanjuinais d’airain !

Collection: 
1971

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Pareil à ces men-hir qu’aiment les clairs de lune,
Lanjuinais est un dur combattant ; la tribune
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Estime les assauts de ce rude Breton
Et les coups de bélier que lance cette tête ;
La mêlée effrayante est sa vie et sa fête...

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