Le Bouddha rêve, ayant dans ses mains ses orteils.
Pourna dit : « Les esprits affranchis sont pareils
Au libre vent du nord dans le ciel sans nuage !
Grimpant les rocs, passant les fleuves à la nage,
Aux peuples très-lointains des bords très-reculés,
Pour qu’ils soient délivrés et qu’ils soient consolés,
Maître, j’apporterai ton dogme secourable.
— Si ces peuples, répond le Bouddha vénérable,
T’outragent, ô disciple aimé, que diras-tu ?
— Ces peuples sont doués, dirai-je, de vertu,
Car ils n’ont point jeté de sable à mes paupières,
Et, doux, ne m’ont frappé ni des mains ni de pierres.
— Mais s’ils t’osent frapper de pierres ou des mains ?
— Ces peuples sont très-bons, dirai-je, et très-humains,
Car leurs mains à lancer des pierres occupées
N’ont point levé sur moi de bâtons ni d’épées.
— Mais si leur fer t’atteint ?
De frapper sans me faire expirer sous les coups !
— Mais si tu meurs ?
— Heureux ceux qui cessent de vivre !
— C’est bien, dit le Bouddha. Va, console, & délivre. »