La vie avance et fuit sans ralentir le pas ;
Et la mort vient derrière à si grandes journées,
Que les heures de paix qui me furent données
Me paraissent un rêve et comme n’étant pas.
Je m’en vais mesurant d’un sévère compas
Mon sinistre avenir, et vois mes destinées
De tant de maux divers sans cesse environnées,
Que je veux me donner de moi-même au trépas.
Si mon malheureux cœur eut jadis quelque joie,
Triste, je m’en souviens ; et puis, tremblante proie,
Devant, je vois la mer qui va me recevoir.
Je vois ma nef sans mâts, sans antenne et sans voiles,
Mon rocher fatigué, le ciel livide et noir,
Et les beaux yeux éteints qui me servaient d’étoiles.