Au-dessus du bétail écœurant des humains,
Bondissaient par instants les sauvages crinières
Des mendiants d’azur damnés dans nos chemins.
Un vent mêlé de cendre effarait leurs bannières
Où passe le divin gonflement de la mer,
Et creusait autour d’eux de sanglantes ornières.
La tête dans l’orage, ils défiaient l’enfer :
Ils voyageaient sans pains, sans bâtons et sans urnes,
Mordant au citron d’or de l’idéal amer.
La plupart ont râlé dans des ravins nocturnes,
S’enivrant du plaisir de voir couler son sang :
La mort est un baiser sur ces fronts taciturnes.
S’ils pantèlent, c’est sous un ange très-puissant,
Qui rougit l’infini des éclairs de son glaive,
L’orgueil fait éclater leur cœur reconnaissant.