Six heures du matin, dimanche. C’est dimanche,
La femme ouvre l’armoire et fouille son tiroir ;
L’homme s’est fait la barbe et devant son miroir
Il rehausse le col de sa chemise blanche.
Le cheval de labour se repose ; il se penche
Sur sa crèche, pensif, dans un doux nonchaloir ;
Il regarde le fouet, oisif jusqu’à ce soir
Et dont la corde dort roulée autour du manche.
C’est la trêve de Dieu, c’est le repos, la paix,
C’est la prière aussi, qui fait germer l’idée
Sous les crânes massifs dans les cerveaux épais ;
Elle redresse l’homme ahuri sous le faix,
En rosée elle éclot sur l’âme fécondée
Et retombe du ciel en bienfaisante ondée.