Paroles : Paul Déroulède
Musique : Émile André
Éditeur : Louis Bathlot (LB1050)
Version conforme au texte publié sur la version du petit format illustré original
L'air est pur, la route est large,
Le Clairon sonne la charge,
Les zouaves vont chantant.
Et là-haut, sur la colline,
Dans la forêt qui domine,
On les guette, on les attend.
Le clairon est un vieux brave,
Et lorsque la lutte est grave,
C'est un rude compagnon ;
Il a vu mainte bataille
Et porte plus d'une entaille,
Depuis les pieds, jusqu'au front.
C'est lui qui guide la fête,
Jamais sa fière trompette
N'eut un accent plus vainqueur ;
Et de son souffle de flamme,
L'espérance vient à l'âme,
Le courage monte au cœur.
On grimpe on court on arrive,
Et la fusillade est vive,
Et les autres sont adroits,
Quand enfin le cri se jette :
« En marche ! À la baïonnette ! »
Et l'on entre sous le bois.
À la première décharge,
Le Clairon sonnant la charge,
Tombe frappé sans recours ;
Mais, par un effort suprême,
Menant le combat quand même,
Le Clairon sonne toujours.
Et cependant le sang coule,
Mais sa main, qui le refoule,
Suspend un instant la mort.
Et de sa note affolée
Précipitant la mêlée,
Le vieux Clairon sonne encor.
Il est là, couché sur l'herbe,
Dédaignant, blessé superbe,
Tout espoir et tout secours ;
Et sur sa lèvre sanglante,
Gardant sa trompette ardente,
Il sonne, il sonne toujours.
Puis, dans la forêt pressée,
Voyant la charge lancée
Et les zouaves bondir,
Alors le clairon s'arrête,
Sa dernière tâche faite,
Il achève de mourir.